Martine Combemale

COMBATTANTE



Fondatrice de l’ONG Ressources humaines sans frontières (RHSF), Martine Combemale a reçu la Légion d’honneur en 2020 pour son combat contre le travail forcé et le travail des enfants.

« Il ne faut pas qu’elle entre dans votre bureau ». Cette mise en garde prononcée avec humour par François Delattre, secrétaire général des Affaires étrangères, lors de la cérémonie au Quai d’Orsay, en dit long sur sa ténacité. Il y a maintenant des années, la toulousaine Martine Combemale a décidé de s’attaquer au travail forcé et au travail des enfants, parce qu’elle « ne supporte pas l’injustice dont nous sommes responsables en tant que consommateurs ». Elle en fera le combat de sa vie, jusqu’à fonder l’ONG RHSF en 2005 à Toulouse, une des seules ONG locales. Issue d’une famille « très simple » – père ouvrier, mère secrétaire – originaire de Lozère et venue à Toulouse pour que les enfants fassent des études, elle s’oriente vers le droit et les RH. Par la suite, elle fera des rencontres décisives, à l’image d’Irène Fernandez, médecin malaisien et militante des droits de l’homme, qui l’inspire encore aujourd’hui. À 60 ans, elle est au travail 24h/24, « quasiment bénévole », toujours sur le terrain, entre plusieurs continents.

"Ne jamais oublier pour qui on se bat"

BOUGER DES MONTAGNES

Là, elle rentre de Malaisie. Comme dans ses autres périples en Asie ou en Amérique du Sud, elle y a touché du doigt l’exploitation des ouvriers dans les usines, au bout de la chaîne de sous-traitance internationale. « Lutter contre un système si complexe, qui échappe aux lois, revient à bouger des montagnes » témoigne celle qui, armée d’une « immense espérance », continue à se battre pour que « les ouvriers puissent vivre dignement et que les enfants aient un avenir, tout comme les nôtres ». Elle pense notamment aux petits employés des cultures de café au Costa Rica, pour qui elle veut créer des écoles agricoles. RHSF, c’est une équipe « extraordinaire » de seulement quatre collaborateurs. Martine peut également compter sur des personnes « de très grande valeur humaine et professionnelle » et son mari, ancien journaliste de l’AFP, « éternel soutien ». Des victoires, il y en a eu. En particulier dans cette usine chinoise sous-traitante d’une entreprise française de textile. L’ONG y a passé deux ans en immersion complète, nuit et jour. Résultat : non seulement les heures supplémentaires sont passées de 120 à 60 heures par semaine et le turn over de 100 % à 5 % mais la qualité des produits s’est améliorée ! C’est d’ailleurs en parlant business à ses interlocuteurs que Martine a fait accepter la présence permanente de RHSF dans l’entreprise. En 2019, l’ONG a officialisé son « laboratoire », en partenariat avec des entreprises, qui ouvrent leur chaîne de sous-traitance à RHSF, lui offrant ainsi un véritable terrain d’expérimentation. Dans ces usines et exploitations, elle teste des actions pour aller vers le recrutement équitable. La Légion d’honneur ? Un moyen de plus de servir « la cause ». En trois mois, RHSF a réussi à mobiliser le Ministère des affaires étrangères, qui lui a ouvert les portes des ambassades. « Les planètes sont alignées » et Martine plus déterminée que jamais