Emploi - Un plan de relance pour faire face à la crise

Face à la crise sanitaire, économique et sociale, Toulouse Métropole fait de l’emploi sa priorité. Adopté début juin, le Plan de relance injecte 95 millions d’euros dans l’économie locale pour doper l’investissement public et soutenir les filières stratégiques. Parallèlement, la collectivité renforce ses dispositifs pour faciliter l’accès à l’emploi. Objectifs ? Créer les conditions d’une reprise durable tout en accompagnant la transition écologique et sociale.


Le chantier du téléphérique Téléo donne du travail aux entreprises locales

Le plan de la métropole pour relancer l’emploi

Présenté en juin par le Président Jean-Luc Moudenc, le Plan de relance pour l’emploi mise sur l’investissement public et les filières tratégiques
du territoire.


Le site de Toulouse-Francazal accueillera un centre dédié aux mobilités du futur.

Dès le mois d’avril, Toulouse Métropole prenait des mesures d’urgence d’un montant de 30,7 millions d’euros pour alléger les charges des entreprises et des commerces durant la période de confinement. Avec le Plan de relance pour l’emploi, il s’agit désormais de créer les conditions d’une reprise durable tout en accompagnant la transition écologique et sociale. Enrichi par une concertation à distance qui a mobilisé au mois de mai près de 150 acteurs du monde économique, le Plan de relance pour l’emploi injecte 95 millions d’euros supplémentaires dans l’économie locale : 50 millions d’euros pour renforcer l’investissement public et 45 millions d’euros pour soutenir les filières stratégiques

DOPER L’INVESTISSEMENT PUBLIC
L’idée ? Relancer immédiatement l’économie locale et donner de la visibilité aux entreprises. « La commande publique soutient les filières de la construction, du bâtiment et des travaux publics, fortement pourvoyeuse d’emplois, explique Dominique Faure, 1re vice-présidente de Toulouse Métropole chargée de l’économie, de l’innovation et de l’emploi. Ouvrir des chantiers permet de donner rapidement du travail aux entreprises, et donc de lutter contre le chômage. » Non seulement le Plan de relance garantit la réalisation des investissements programmés en 2020 (pour un montant de 365 millions d’euros), mais il y ajoute 50 millions d’euros pour financer de nouveaux projets (pistes cyclables, voirie, etc.) et anticiper des opérations initialement prévues en 2021 (aménagements des abords de la Garonne ou de la gare Matabiau, par exemple).

SOUTENIR LES FILIÈRES STRATÉGIQUES
Le second volet porte sur le soutien des filières. Il s’agit d’aider les acteurs économiques et industriels à rebondir pour maintenir leur compétitivité. Ce soutien s’articule autour de 58 actions concrètes, pour un montant de 45 millions d’euros. L’ensemble des actions menées doit accompagner les entreprises à répondre aux enjeux de deux transitions : l’une, écologique et énergétique, l’autre, numérique.
Dans le cadre du plan national de soutien à la filière aéronautique, Toulouse Métropole abondera le fonds de l’État (doté de 15 milliards d’euros) et soutiendra l’ensemble des entreprises par l’intermédiaire d’un fonds local. Autre action emblématique ? La collectivité étudie la participation en capital à la création d’un fonds bénéficiant à plusieurs secteurs. « Nous voulons éviter que les petites entreprises innovant dans le domaine des énergies renouvelables soient rachetées par de gros groupes étrangers moins sensibles au maintien des emplois locaux », précise Dominique Faure. La Métropole s’est également engagée à exonérer les loyers et charges des entreprises hébergées dans les pépinières et hôtels d’entreprises. Concernant les transports de demain, le site de Francazal vient d’être acheté à l’État par la Métropole pour accueillir un « centre d’expérimentation et de démonstration des mobilités terrestres et aériennes du futur » sur 38 hectares. Parmi les autres mesures prises pour soutenir les filières stratégiques du territoire : renforcement du plan Campus Santé du futur de l’Oncopole, accélération du programme de transition énergétique, fonds d’urgence à destination des acteurs culturels, fonds de soutien dédié au tourisme, mesures en faveur des commerces avec l’accompagnement à la mise en oeuvre d’une “market place”.

TOUS MOBILISÉS
La gravité de la crise mobilise l’ensemble des collectivités. Toulouse Métropole travaille aux côtés de la Région Occitanie, de l’État, des Chambres consulaires* et de l’Union européenne, pour construire des actions complémentaires et coordonnées, selon les compétences de chacun. La Métropole a aussi misé sur l’intelligence collective en mandatant 16 experts autour de la stratégie économique de l’aire urbaine de Toulouse. Parrainée par Jean Tirole (Prix Nobel 2014 d’Économie) et présidée par Marion Guillou (spécialiste de l’alimentation et membre du Haut Conseil pour le Climat), cette mission, baptisée « Toulouse, territoire d’avenir », a pour objectif de repenser le monde d’après. Elle rendra ses conclusions cet automne.

* Chambre de Commerce et d’Industrie, Chambre des Métiers et de l’Artisanat, Chambre de l’Agriculture


DES AIDES POUR SORTIR DE LA CRISE

  • 95 millions d’euros
    C’est le montant du Plan de relance pour l’emploi adopté en juin.
  • 17,5 millions d’euros
    Adopté également en juin, le Plan de lutte contre la précarité aide les familles en difficulté en agissant sur le logement, l’alimentation, l’emploi, et en soutenant les jeunes et les associations.
  • 30,7 millions d’euros
    Allègement des charges fiscales, exonérations tarifaires, assouplissement des mesures relatives aux marchés publics… Un plan d’urgence a été déployé dès le mois d’avril pour soutenir les entreprises et les commerces pendant le confinement.

3 questions à ANNICK SÉNAT


Annick Sénat est directrice territoriale de Pôle Emploi en Haute-Garonne

« Le territoire toulousain reste très attractif »

Quel est l’impact de la crise sanitaire sur l’emploi dans la métropole toulousaine ? Il est un peu tôt pour avoir une idée précise puisque les premiers plans sociaux interviennent cet automne. La conséquence la plus immédiate est la baisse des offres d’emplois. Au plus fort de la crise, c’est à dire au mois d’avril, elles avaient chuté de 80 % en Haute-Garonne. Depuis le déconfinement, elles remontent progressivement, sans atteindre les taux habituels. Notre territoire a été plus touché que d’autres car l’industrie aéronautique y est plus prégnante et le trafic aérien peine à redémarrer.

Sur quelles forces pouvons-nous compter pour sortir de cette crise ? Le territoire toulousain réunit de nombreuses compétences et une main d’oeuvre qualifiée, cela le rend très attractif. Par exemple, Toulouse pourrait accueillir le Centre européen des prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) qui va bientôt quitter le Royaume-Uni à cause du Brexit. La French Tech représente aussi un atout. Elle permet d’accompagner les start-up de la métropole, en particulier dans le numérique. Enfin, certains secteurs recrutent toujours, comme les services à la personne, le commerce et le BTP.

Quels conseils donneriez-vous aux entreprises en difficulté ? Aux demandeurs d’emploi ? Les entreprises peuvent se tourner vers l’État et les chambres consulaires*, ou trouver conseil dans nos agences. Nous conseillons bien sûr les demandeurs d’emploi. Si nécessaire, nous les accompagnons pour construire leurs pistes de reconversion. Le plus important est de rester actif. Si vous perdez votre emploi, inscrivez-vous à Pôle emploi, répondez aux offres, travaillez votre projet professionnel… Surtout, ne vous découragez pas et n’abandonnez pas vos recherches. Même si la période n’est pas favorable, il y a toujours des offres.

Coup de pouce à l’économie sociale et solidaire


Les imaginations fertiles, tiers lieu phare de l’ESS toulousaine.

Les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) représentent 33 000 emplois sur le territoire. Leurs valeurs et leur créativité en font des actrices de premier plan pour faire face à la crise. Toulouse Métropole les aide à rebondir.

En plaçant l’humain et l’environnement au coeur de l’économie, les entreprises de l’économie sociale et solidaire participent depuis des années à la transition écologique et sociale dont l’épidémie a révélé l’urgence. Leur sport favori ? Imaginer de nouveaux services pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux du territoire, inventer des modèles économiques et d’entrepreneuriat responsables. Des atouts de taille que Toulouse Métropole entend bien préserver. La collectivité a lancé un appel à projets dédiés aux jeunes entreprises de l’ESS (moins de 3 ans d’existence). L’idée ? Favoriser l’émergence d’initiatives innovantes répondant aux grands enjeux soulevés par la crise sanitaire : inclusion économique et sociale (notamment dans les quartiers prioritaires), économie circulaire et réduction des déchets, alimentation durable. Les jeunes entreprises les plus inspirées bénéficieront d’une aide pour financer leurs projets. En fin d’année, le Prix Toulouse Impact récompensera trois entreprises en développement. Autres coups de pouce ? Plusieurs mesures d’accompagnement ont été prises pour aider les entreprises à surmonter la crise : programmes de mécénat et de mentorat, dispositifs dédiés au soutien de la trésorerie, au groupement d’entreprises, programme de formations consacrées aux campagnes de financement participatif (“crowdfunding”). Enfin, une plateforme numérique, accessible sur le web et sur appli, permettra bientôt de localiser une multitude de commerces et services écoresponsables. Mieux s’alimenter, moins gaspiller, agir pour l’environnement, se déplacer, bien vieillir, découvrir des lieux atypiques, entreprendre et travailler autrement… L’offre éthique en quelques clics. Pour en savoir plus, rendez-vous au Mois de l’ESS. Rencontres et événements sont organisés chaque mois de novembre sur l’ensemble du territoire.

Programme sur toulouse-metropole.fr

Des outils pour rebondir

Toulouse Métropole déploie une série de dispositifs pour faciliter l’accès à l’emploi :

  • Le PLIE (Plan local pour l’insertion et l’emploi) aide les personnes les plus en difficulté à définir leur projet, préparer un entretien d’embauche, trouver une formation. Il trouve aussi des solutions à tout ce qui pourrait freiner l’emploi (accès aux soins, garde d’enfants, transport…) En 2019, 55% des parcours ont débouché sur un emploi durable.
    plie.toulouse-metropole.fr
  • “Mon entreprise pas à pas” met une batterie de services et d’outils à la disposition des entrepreneurs, qu’ils soient porteurs de projets ou déjà implantés sur le territoire.
    monentreprisepasapas.toulouse-metropole.fr
  • La Mission Locale accompagne les jeunes de 16 à 25 ans pour leur faciliter l’accès à l’emploi et à la formation, mais aussi pour les aider dans des domaines variés tels que le logement, les déplacements, la santé ou l’accès aux droits.
    mltoulouse.org
  • Toulouse Métropole Emploi fédère les initiatives, les moyens et les compétences des acteurs de l’emploi, pour mettre en oeuvre un programme d’actions en faveur du développement de l’emploi. 
    emploi-tme.fr

D’autres mesures complèteront bientôt ces dispositifs, telles qu’une plateforme web recensant des postes et des formations en ligne, ou des jobs dating mettant en relation employeurs et demandeurs d’emplois