Patrimoine

Entre les années 1760 et 1780, toute la rive droite de la Garonne du Pont-Neuf au Bazacle a été redessinée et rehaussée. L’un des trois grands-oeuvres d’un trio qui transforma Toulouse.

Dans ce trio, il y a d’abord deux beaux-frères, l’ingénieur (et astronome) François Garipuy, directeur des Travaux publics aux États de Languedoc, et le touche à tout Louis de Mondran, roi du lobbying et de la communication d’influence. Tous deux ont rédigé en 1749 un très ambitieux Projet pour le commerce et les embellissements de la ville de Toulouse. Troisième élément du trio, l’ingénieur Joseph-Marie de Saget, futur gendre de Garipuy qui a levé le premier plan moderne de Toulouse en 1750 et va prendre la suite de son beaupère aux États de Languedoc. Trois fois, ces trois hommes vont réussir à modifier un bon bout de Toulouse en sachant profiter d’une occasion imprévue. La première fois, c’est la pénurie de l’hiver 1751-52 : pour apaiser la tension sociale, on fait travailler les très nombreux chômeurs au chantier du Grand Rond et des Allées. La troisième fois, c’est la terrible inondation de 1772 qui oblige les autorités à accepter la refonte du quartier Saint-Cyprien. Et la deuxième fois ?
La deuxième fois, le motif avait d’abord été moins grave : on avait constaté en 1762 un affaiblissement dans les contreforts du Pont- Neuf côté Daurade. D’où en 1764 un plan « de conservation du pont » avec construction d’un quai adjacent. Il s’agissait aussi de profiter de la mauvaise passe où se trouvaient les bénédictins de la Daurade dont la très belle église, très mal réparée, avait dû être détruite en 1760. Les travaux commencent en 1765, année où, pour couronner le tout, Garipuy est élu capitoul, ce qui permet d’amplifier le projet et de prolonger le quai avec la création de deux ports à la Daurade et à Bidou (Saint-Pierre) reliés au Canal par une nouvelle voie d’eau qui assure pour la première fois la continuité de la navigation à travers Toulouse, jusque là empêchée par le gué du Bazacle. Un canal auquel on donnera le nom de l’un des principaux protecteurs du trio Garipuy-Mondran-Saget, le très actif archevêque de Toulouse Loménie de Brienne.


À lire : L’édification des quais de Toulouse au XVIIIe siècle : références architecturales nationales ?, Linnéa Rollenhagen Tilly, 126e congrès des sociétés historiques, Toulouse 2001.


Ci-dessus la rive droite avant et après les travaux. Deux atterrissements (ports) sont créés à la Daurade 1 (ce qui entrainera la destruction de l’ancienne tour d’entrée du vieux pont 2 ) et à Bidou 3 où venaient déjà accoster les barques des pêcheurs de sable 4 . L’activité la plus perturbée par Ci-dessous, ce à quoi aurait pu ressembler la rive droite toulousaine si Saget avait eu le temps et les moyens pour finir son oeuvre et si on en croit Le recueil des quais et façades de la ville de Toulouse. Il prévoyait des façades en briques (mais la brique devait être les travaux est celle des « blanchers, chamoiseurs, tanneurs et autres ouvriers de ce genre » qui occupaient une grande partie des rives 5 . En 1776, l’archevêque Loménie de Brienne inaugure le nouveau canal 6 qui portera son nom et qui rejoint le Canal royal (Canal du Midi) aux Ponts Jumeaux. recouverte d’un enduit blanc 7 ) et que chaque immeuble (comme ici au port Bidou ) soit composé de cinq niveaux : cave, rez-de-chaussée très haut, deux étages et un grenier. Une nouvelle bourse de commerce 9 était prévue au fond du port de la Daurade 10 .
 

Réalisation : Studio Différemment
Texte : Jean de Saint Blanquat
illustrations : Jean-François Binet
Merci à la Direction du Patrimoine