Économie - Réduire l’empreinte carbone du transport de marchandises en ville

Le transport de marchandises se met au vert

Le nouveau centre logistique de Fondeyre change la donne en matière de transports de marchandises. Respect de l’environnement, empreinte carbone réduite, diminution du trafic de véhicules et meilleure performance des livraisons à courte distance sont autant d’enjeux économiques et environnementaux qui contribuent aussi à une meilleure qualité de vie pour les habitants.

Avec l’ouverture du nouveau centre logistique à Fondeyre, le trafic lié aux livraisons va diminuer.

Fondeyre, Laboratoire des livraisons de demain

La nouvelle plate-forme logistique est idéalement placée pour les approvisionnements de courte distance avec une empreinte carbone réduite.

Le transport de marchandises, une activité essentielle pour l’activité de la ville et à fort enjeu environnemental.

En décembre, après 20 mois de travaux, l’ancien centre routier de Fondeyre dans le Nord de Toulouse a libéré le paysage pour laisser place à une grande plate-forme logistique (20 000 m2). La capacité annoncée – 70 000 colis en transit par jour – en fait le premier centre de logistique urbaine de France hors Paris. Son atout numéro 1 ? Sa localisation en ville. La courte distance du centre-ville (5 km) peut être assurée par des véhicules non polluants : gaz naturel, électrique. « Dans une grande Métropole dynamique comme la nôtre, il est urgent de concilier activité économique et écologie », déclarait Jean-Luc Moudenc, Président de Toulouse Métropole1, lors de l’inauguration de la plate-forme en décembre 2021. « En matière d’écologie, nous devons être sur tous les fronts et en premier lieu agir sur les transports pour réduire les émissions de polluants afin de préserver la santé des habitants et lutter contre le réchauffement climatique ». Et de rappeler les enjeux « considérables » liés aux transports de marchandises : les véhicules utilitaires légers représentent 14% du trafic urbain en France2, les transports sont responsables de 20% des émissions de gaz à effet de serre3 sur le territoire de la Métropole et les volumes « ne font que croître ».

Désengorger la ville
Aujourd’hui, les sociétés Urby (filiale de la Poste et de la Banque des Territoires) et UPS évoluent déjà sur le site, une plate-forme colis de la Poste est sur le point d’être lancée et un grossiste en fleurs s’installera prochainement. Profitant de la proximité immédiate du Grand Marché, le centre pourra proposer une offre logistique à destination des commerçants de produits frais et froids. Le site permet d’améliorer les flux. Les camions convergent à Fondeyre, en entrée de ville. Les produits sont traités au petit matin (entre 4h et 9h) et chargés dans des utilitaires pour être acheminés sur Toulouse ou vers les communes de la Métropole. Le parc de véhicules évolue peu à peu vers des moteurs électriques, principalement. Objectifs : un trafic plus fluide et une empreinte carbone réduite ! À l’avenir, d’autres pistes restent à explorer comme le transport de marchandises par le canal (VNF – Voies navigables de France – réfléchit au fret fluvial avec Toulouse Métropole) ou par les transports en commun (la 3e ligne de métro desservira le secteur fin 2028), positionnant Fondeyre comme le laboratoire de la logistique de demain.

1 Pour cette réalisation, Toulouse Métropole a choisi le groupement Lumin’Toulouse : 51% Semmaris (gestionnaire du marché de Rungis), 44% Poste Immo et 5% Caisse d’Epargne Midi-Pyrénées. Déjà en charge du Grand Marché (MIN, ex marché-gare), le groupement a transformé le site (28,5 millions € d’investissement) et va le gérer.
2 Rapport d’information du Sénat (mai 2021).
3 Atmo Occitanie

3 questions à Jean-Jacques Bolzan

Jean-Jacques Bolzan, conseiller métropolitain, président de la Fédération des marchés de gros, a participé à la mission nationale sur la logistique urbaine durable en 2021.

« Penser la place de la logistique dans la ville »

En quoi la plate-forme de Fondeyre est-elle une référence ?
Cet outil de groupement des flux de marchandises, le 2e de France, bénéficie d’une localisation idéale pour des livraisons non polluantes en ville et est complémentaire avec le Grand Marché voisin, un lieu pivot pour distribuer des produits alimentaires sur la Métropole. D’un point de vue urbain, ce projet redynamise le quartier.

Comment favoriser une logistique plus écologique ?
La Métropole organise l’aménagement du territoire. Elle peut donc dédier des zones à la logistique et, les terrains disponibles se faisant rares, utiliser des friches urbaines pour faire émerger des projets de plates-formes. Il s’agit aussi de penser de nouveaux modèles plus adaptés à la ville, tels que des hôtels logistiques accueillant une zone en rez-de-chaussée et des bureaux en étage, équiper ces zones de bornes au gaz naturel, électriques, etc. Enfin, adapter la charte des livraisons en ville. Il est également nécessaire de faire changer le regard sur cette activité, car c’est un service quotidien, essentiel pour l’approvisionnement de la ville.

Quelles actions prioritaires identifiez-vous au plan national ?
La poursuite de l’accompagnement des collectivités à un niveau national pour fédérer et partager les bonnes pratiques locales et les connaissances. Notamment sur les changements de motorisation des véhicules, en lien avec les Zones à faibles émissions (lire p.5). Des évolutions législatives également pour mieux utiliser les aires de livraison : les partager, pouvoir les réserver. La réflexion doit se faire au niveau global pour intégrer les questions du stockage, des flux et du stationnement.

Un V vu du ciel
Le centre logistique de Fondeyre a été pensé par l’agence d’architectes Experience. Composant avec les contraintes du site, il compte deux bâtiments disposés en V qui s’intègrent à leur environnement par un effet d’alignement : l’un longe le canal, l’autre l’avenue des États-Unis. Les immenses halles (200m de long) accueillent des poutres métalliques de 60m, teintes dans un dégradé de jaune. Rompant avec la palette de couleurs traditionnellement utilisée dans les bâtiments logistiques, cette subtilité sert de repère dans l’espace. Une toiture à sheds (dents de scie) apporte une grande luminosité à l’intérieur et se prolonge à l’extérieur pour former un auvent : dispositif alliant fonctionnalité et qualité architecturale. Sur le plan énergétique, deux labels attestent de la performance du bâtiment en termes de consommation de confort : Haute qualité environnementale (HQE) niveau excellent et bâtiment à énergie positive (BEPOS). Pour un chantier exemplaire, tous les matériaux de maçonnerie issus de la démolition des bâtiments ont été réemployés sur place, notamment sous forme de couches de voirie.

Chiffres clés

  • 2 millions de km sont parcourus chaque semaine par les véhicules de livraison sur le territoire de Toulouse Métropole
  • 12 000 heures chaque semaine, livreurs et transporteurs stationnent 12 000 heures en double-file dans l’hyper-centre de Toulouse

Sur le front de la logistique durable

Soucieuse de préserver le cadre de vie des habitants, Toulouse Métropole fait monter en puissance son plan de déplacements des marchandises pour aller vers une logistique urbaine durable.

Transport de colis, de repas, d’électroménager pour les particuliers, de palettes pour les magasins et entreprises, approvisionnement des commerces, des pharmacies ou des chantiers... La logistique urbaine est une activité variée, indissociable de l’activité de la ville au quotidien. Conjuguée à l’explosion du e-commerce depuis quelques années (encore renforcé par la crise sanitaire), elle génère un volume de livraisons toujours plus important vers la ville. Le défi est majeur : favoriser l’activité économique (pour maintenir un bon niveau d’emplois) tout en préservant l’environnement et le cadre de vie des habitants. Il s’agit de réduire les nuisances liées aux livraisons dites du dernier kilomètre (bruit, embouteillages, pollution de l’air) et d’aller vers une logistique « verte », décarbonée. Dans la continuité de la charte des livraisons en centre-ville (en 2006) et du Plan de déplacements des marchandises (2020), Toulouse Métropole renforce aujourd’hui son action pour une logistique urbaine durable (voir ci-dessous). Fin 2021, le conseil de la Métropole a conclu deux partenariats - une avec le groupe La Poste, une avec un établissement national expert (le Cerema) - pour marquer le lancement des opérations.
Plus d’infos : toulouse-metropole.fr

La feuille de route de Toulouse Métropole en quelques actions clés

Aménagement urbain

  • définir l’implantation des sociétés de logistique sur le territoire (de l’entrepôt en périphérie de la ville au micro-point de livraison dans les quartiers), créer des plates-formes multi-opérateurs pour regrouper les flux, etc.

Filières économiques métropolitaines et diversité des modes de transports (multimodalité)

  • favoriser les initiatives économiques en faveur des modes de transports alternatifs : cyclologistique (livraison en vélo cargo) et nouveaux emplois liés, fret fluvial, transport de marchandises par les transports en commun, etc.

Innovation et transition énergétique

  • favoriser le développement de nouvelles solutions (vélo hydrogène, drones, véhicules autonomes), mettre au point une plate-forme numérique avec des données partagées sur la logistique urbaine, aider les professionnels à changer leur véhicule polluant, etc.

Règlementation, accès et stationnement

  • faire évoluer la charte de livraison en centre-ville (notamment en lien avec la Zone à faibles émissions), réserver des places de livraison pour les vélos, harmoniser et jalonner les itinéraires, etc.

Dialogue avec les acteurs publics et privés

  • partager la réflexion avec les grossistes, transporteurs, etc.