L’interview du Président

Carte blanche

L’un de vos objectifs était de lutter contre les bouchons à l’échelle de l’agglomération. Est-il atteint ?
Le mécontentement est légitime. Dès le début du mandat, nous avons répondu à l’urgence en construisant l’échangeur de Borderouge ; un autre est d’ailleurs à venir à l’est, vers Balma et la Cité de l’Espace. Quant à la rocade, la mise en 2 x 3 voies en totalité est en cours. Pour l’avenir : nos routes ont longtemps été conçues sans vision globale. Leur amélioration ne dépassait jamais les déclarations d’intention électoralistes, sans concrétisation. Outre mon combat – qui continue – pour la seconde rocade, nous avons établi un document qui n’existait pas, le plan d’aménagement routier recense tous les projets routiers sur l’ensemble des 37 communes. Sur 305 projets programmés, 15 sont prioritaires, notamment la création d’un nouveau pont sur la Garonne et d’un boulevard urbain au nord, ou la voie du canal Saint-Martory. Enfin, nous encourageons, bien sûr, la pratique du covoiturage.

Cet effort pour les voitures remplace le développement des transports en commun ?
Au contraire, nous rendons les transports en commun encore plus attractifs. Nous aurons investi, entre 2014 et 2020, 1,12 milliards d’euros, contre 857 millions sous le mandat précédent (+ 30 %). Ils sont une alternative pratique et crédible à la voiture individuelle. En 6 ans, nous aurons créé 10 lignes de super bus Linéo : rapides et fiables, ils circulent dans toute l’agglomération de 5 h 15 à 00 h 30 et on les attend moins de 10 minutes. Également, nous aurons réalisé le doublement de la capacité de la ligne A et 2 000 nouvelles places dans les parkings-relais gratuits de Tisséo. L’avenir désormais, c’est la 3e ligne de métro Labège – Matabiau – Colomiers, le téléphérique urbain reliant l’université Paul Sabatier et Rangueil à l’Oncopôle et encore, je le souhaite, de nouvelles lignes de Linéo.

La transition énergétique est passée du rang de priorité à celui d’urgence. Les territoires peuvent-ils agir ?
Ils se doivent d’agir : c’est la bonne échelle. En priorité sur la qualité de l’air, dont l’amélioration constitue un enjeu sanitaire fort. Et en donnant l’exemple. Ainsi, je trouvais, en 2014, à Tisséo, l’habitude de continuer à acheter des bus diesel. J’ai immédiatement donné instruction d’y mettre un terme. Depuis, Tisséo achète des bus roulant au gaz naturel, qui émettent beaucoup moins de pollution. Nous allons même expérimenter des bus électriques, technologie qui n’existait pas il y a peu. Avec la multiplication des marchés de producteurs dans les quartiers toulousains, notre soutien à la ferme de Salsas (Quint-Fonsegrives) ou encore à la plaine maraîchère à Blagnac, nous développons aussi les circuits-courts pour permettre aux habitants de trouver des produits sains et locaux. Enfin, nous allons plus loin dans la maîtrise des énergies vertes, par l’extension (36 km) du réseau de chaleur de l’Usine d’incinération des déchets du Mirail qui redistribue la chaleur de la chaufferie, par l’agrandissement massif de notre parc photovoltaïque et la mise à disposition de bornes de recharge pour les voitures électriques.

Les événements rappellent l’importance des attentes sur le pouvoir d’achat. La Métropole a-t-elle entendu ce message ?
L’actualité nous le rappelle tous les samedis : à quelques euros épargnés près, cela change véritablement la donne pour de nombreuses personnes. Nous avons trouvé des solutions innovantes. Je pense au prix de l’eau potable, laquelle, en plus de gagner en qualité, sera la moins chère de France dès mars 2020 et fera économiser entre 45 et 250 € par foyer et par an en moyenne. Je pense également à la baisse à venir de la Taxe des ordures ménagères dans la plupart des communes, ainsi qu’aux primes sous conditions de ressources que nous proposons : une aide de 200 € pour l’achat d’un vélo électrique ; une autre pour renouveler les chauffages au bois individuels avec la Prime Air bois, et donc améliorer la qualité de l’air. Enfin, cet effort s’est fait encore plus solidaire avec le financement de la réhabilitation énergétique des 1 609 logements de notre bailleur social Toulouse Métropole Habitat pour moins de charges de chauffage.

Comment conciliez-vous préservation du cadre de vie et attractivité ?
Notre Métropole réussit et attire : il nous incombe de répondre à la forte demande en logements, sans dénaturer la qualité de vie, ni l’identité de nos communes et quartiers. Là où de nombreux projets, sans vision ni discernement, étaient permis par l’ancienne réglementation locale des constructions, nous appliquons la densité modérée – le bon projet, au bon endroit – dans une ville qui se renouvelle sur elle-même. Cette ambition est portée par notre feuille de route de l’urbanisme, applicable fin mai. Un urbanisme modéré, qui trouve son équilibre en proximité du juste nombre de commerces et de services publics. Enfin, réinventer le territoire passe par des projets innovants et l’oeil neuf des partenaires – privés, publics – retenus dans le cadre de l’appel à projets urbains Dessine-moi Toulouse. L’expérience de ces experts est nécessaire aux élus pour prendre les bonnes décisions. 15 sites vont ainsi connaître une métamorphose, entre urbanisme innovant, économie circulaire et aménagements végétalisés.

Notre économie locale réussit. Comment en faire profiter tous les habitants ?
La réussite de notre Métropole, tout le monde doit pouvoir en profiter. Notamment en matière d’emploi local : à quoi bon se battre pour attirer les grands groupes industriels si ce n’est pas pour faire travailler nos habitants ? Lorsque nous développons la filière numérique (Toulouse, capitale de la French Tech en avril 2019), que nous parvenons à faire installer Hyperloop à Francazal ou construisons notre bâtiment de l’innovation B612 (aéronautique, espace et systèmes embarqués) à Montaudran, c’est aussi l’emploi local que l’on sert. Enfin, les efforts de notre Agence d’attractivité, que nous avons créée, paient : elle a su faire venir sur le territoire 29 entreprises étrangères en 2018, pour 557 emplois créés. En outre, nous cherchons à donner la priorité aux entreprises locales – donc à l’emploi local – dans nos achats publics (constructions, fournitures). Quant aux grands événements internationaux qui nous échappaient à cause d’un Parc des Expos trop petit, la construction en voie d’achèvement du nouveau Parc (MEETT) à Aussonne – Beauzelle va y remédier et donc, générer des retombées économiques à partir de juin 2020.

Qu’est-ce que la Métropole a changé dans la vie quotidienne de ses habitants ?
L’ambition de répondre aux multiples situations de vie – et aux besoins qui en découlent – a notamment justifié, début 2019, l’ouverture à Colomiers et dans le quartier toulousain du Mirail, de deux nouveaux clubs de prévention, afin d’accompagner les jeunes en voie de marginalisation par le biais de suivis individuels et d’actions collectives. Par ailleurs, nos équipes de propreté ont été renforcées pour plus de réactivité. Enfin, nous agissons pour l’égalité. Deux exemples. En premier lieu, pour l’égalité femmes-hommes : savez-vous que désormais 54 % des agents de direction et d’encadrement de la Métropole sont des femmes ? En second lieu, pour l’accessibilité. À titre d’illustration, nous avons fortement renforcé le dispositif de télécommandes permettant le déclenchement à distance des signaux sonores aux feux de circulation, lesquels sont gérés par la Métropole.

VERBATIM
Je pense qu’il y a un lien direct entre notre accompagnement de l’innovation et les retombées positives en faveur de l’emploi local.