Guillaume Chochon - Les espaces verts urbains réinventés
Co-fondateur de l’entreprise de maraîchage la Milpa, Guillaume Chochon réinvente l’entretien des espaces verts urbains. En trois ans à peine, il a séduit bailleurs, promoteurs et collectivités, qui acceptent de laisser place à la nature en ville.
2017
Rencontre avec Bertrand Desgranges et Romain Bouville, futurs associés
2019
Fondation de l’entreprise de maraîchage urbain la Milpa
2021
Lauréat d’un des prix Toulouse Impact pour la Milpa insertion
Il a les yeux qui pétillent, de cette petite étincelle qui montre qu’il sait pourquoi il se lève le matin. Guillaume Chochon a choisi d’écrire un deuxième chapitre de sa vie professionnelle. Après un parcours dans l’immobilier social et la mise en oeuvre de jardins partagés, à Paris puis à Toulouse, ce quadragénaire avait des envies d’entrepreneuriat. Surtout, il voulait traiter d’écologie et d’agriculture. « C’est la présence, en ville, d’espaces verts improductifs qui m’a inspiré », explique-t-il. Comment valoriser ces étendues urbaines d’un point de vue environnemental, mais aussi social et économique ? En 2017, une rencontre fait naître la réponse : « J’ai connu Bertrand Desgranges et Romain Bouville, respectivement écologue et agronome et tous deux maraîchers, raconte Guillaume Chochon. Comme moi, ils partageaient l’envie d’inscrire l’agriculture en ville de façon pérenne. Ensemble, nous avons réfléchi à un modèle technique et économique à même de concrétiser notre idée. »
Blettes contre gazon
En juin 2019, le projet Milpa était né. Objectif ? Proposer une gestion alternative des espaces verts urbains, qui favorise tant la biodiversité qu’une alimentation saine et durable et préserve le pouvoir d’achat des habitants. « Mais loin des effets de mode et des dispositifs-gadgets, tient à préciser le co-fondateur, qui explique le choix du nom “Milpa” : Il désigne une technique ancestrale d’Amérique centrale associant les cultures du maïs, des haricots et de la courge pour rendre ces espèces plus productives tout en fournissant une alimentation équilibrée. Un parallèle avec notre projet qui vise lui aussi une productivité durable des espaces verts. » L’entrepreneur active alors son ancien réseau de bailleurs sociaux et offre de remplacer les parcelles d’herbe, souvent coûteuses à entretenir, par de nouveaux décors paysagers. Prairies fleuries ou potagers fructueux contre pelouses rases. Au nombre des sites qui leur sont confiés, la résidence Polygone (avenue de Grande-Bretagne), et trois autres situées dans les quartiers prioritaires (Barradels à Blagnac, Trois-Cocus et Reynerie à Toulouse). « Outre l’entretien de ces jardins, nous assurons une production maraîchère dont les habitants bénéficient gratuitement, précise-t-il. Au-delà, nous développons une relation de proximité avec eux, faite d’échanges et d’actions de sensibilisation. »
Faire pousser de nouvelles idées
Cette dimension sociale irrigue la Milpa et incite les associés à aller plus loin, comme l’indique Guillaume Chochon : « Au printemps 2021, nous avons créé la Milpa insertion, une seconde structure dédiée au maraîchage mais aussi à la production et à la commercialisation et qui emploie des personnes éloignées de l’emploi. » Une équipe qui s’étoffe déjà, avec 8 salariés en avril et un total de 23 prévu d’ici 2024 ! Pour cette nouvelle initiative, qui proposera aussi des plants bio et locaux à prix accessible au grand public, le trio de fondateurs a reçu l’un des prix Toulouse Impact 2021. Une reconnaissance significative ? « Oui ! De notre travail et de son impact, comme l’indique le nom du prix, et aussi de l’engagement du collectif Edenn dont nous sommes membres », confirme celui qui a déjà de nouvelles idées durables et solidaires en tête.
Verbatim
« La Milpa veut inscrire l’agriculture en ville de façon pérenne, loin des effets de mode et des dispositifs-gadgets. »