Cathy Mazoyer-Bongesse - Le goût des autres

Cathy Mazoyer-Bongesse est une des chevilles ouvrières de l’association Vrac, qui vient d’être distinguée par Toulouse Métropole (prix « Toulouse Impact » lire Des prix pour les acteurs de l’innovation sociale) pour son action en matière d’alimentation durable dans les quartiers prioritaires.

"Rendre à La Reynerie ce que le quartier m’a donné"

En retraçant son histoire avec Vrac pour nous, elle mesure le chemin parcouru. Elle n’aime pas le dire, mais cela lui procure une certaine fierté. Aînée de quatre enfants, née dans une famille modeste à Pau, elle a grandi à la Reynerie. De son enfance dans ce quartier populaire, elle garde de tendres souvenirs. « C’était la belle époque ». La petite fille aime l’école et elle réussit. Des études de droit public à l’Arsenal suivies d’un master 2 en affaires internationales et européennes la mèneront en 2011 à un poste de chargée de projets pour l’ONG Hamap Humanitaire. Elle intervient sur des questions d’accès à l’eau, à l’assainissement et de sécurité alimentaire en Afrique. De retour à Toulouse depuis 2016, c’est en avril 2019, à 31 ans et jeune maman, qu’elle décroche ce poste de coordinatrice au sein de Vrac Toulouse. L’association se constitue tout juste, sur le modèle de celle de Lyon, avec l'accompagnement de la Métropole (à travers Première Brique). « Vers un Réseau d’Achat en Commun » impulse la création de groupements d’achats dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. L’idée : donner accès aux habitants à des produits de qualité (issus de l’agriculture paysanne, biologique ou équitable) à prix coûtant, grâce aux volumes, à la réduction des coûts intermédiaires (en circuits courts) et superflus (en limitant les emballages).

Coup de coeur pro
Le poste coche toutes les cases de ses aspirations : s’investir dans le domaine du développement durable, au niveau local cette fois-ci, dans les quartiers populaires. Dans des délais très courts, elle doit tout mettre en place : trouver des producteurs locaux, constituer un groupement d’adhérents, faire connaître Vrac, organiser toute la logistique. Seule salariée, mais « très entourée », elle y arrive. Les points de distribution de Bellefontaine et Soupetard ouvrent en juin 2019, suivis par ceux des Trois-Cocus en décembre, Bagatelle un an plus tard et Reynerie début 2021. Aujourd’hui, Vrac Toulouse, c’est une équipe de quatre personnes, 60 références de produits, cinq groupements d’achat et 560 adhérents qui s’investissent dans l’organisation des distributions. Les opérations ont lieu toutes les six semaines. « Ce sont les meilleurs moments ! témoigne Cathy, aujourd’hui directrice. Il s’y passe plein de choses. On s’y rencontre, on fabrique des gâteaux avec nos produits, on apprend à cuisiner les restes, des fanes de carotte ou des orties ». L’association favorise le lien social, apporte aux habitants les plus vulnérables des produits de qualité (« ils n’iraient pas dans les magasins bio ») et développe un rapport « plus conscient » à l’alimentation et à l’acte d’achat. Ancrée localement, elle tisse des liens avec les acteurs locaux et est partie-prenante d’Edenn, le collectif toulousain qui développe un lieu innovant autour de l'agriculture et de l'alimentation au 216 route de Launaguet. Pour celle qui fait de l’utilité sociale le fil rouge de son parcours professionnel, quelle satisfaction d’agir pour ces populations et en particulier dans son quartier d’origine… « Je reste une enfant de la Reynerie » confie-t-elle.