Yann Barbaux - Carte blanche au Président d’Aerospace Valley

Bio express

De l’Organisation Qualité d’Aérospatiale à la création de EADS, cet ingénieur diplômé de l’École Centrale de Paris travaille depuis 40 ans à faire du ciel et de l’espace le plus bel endroit de la terre. Senior Vice-President d’Airbus, Yann Barbaux est devenu Président Exécutif du pôle de Compétitivité Aerospace Valley en septembre 2017.

Carte blanche à Yann Barbaux

Toulouse Métropole célèbre les 50 ans d’Airbus en 2019. Quel regard porter sur l’influence de l’avionneur européen dans la sphère socio-économique locale ? Yann Barbaux se prête à l’exercice dans un tour d’horizon qui fait la part belle à l’innovation et à la responsabilité environnementale.

Toulouse Métropole fête les 50 ans d’Airbus. Cette hégémonie est-elle vraiment un atout pour l’économie toulousaine ?
On parle beaucoup de la réussite d’Airbus. C’est aussi celle de tout un écosystème. Airbus est une locomotive de la croissance pour l’industrie aéronautique et spatiale en France, particulièrement à Toulouse. Le pôle Aerospace Valley compte 600 PME adhérentes sur les 1 000 qui travaillent pour l’aéronautique et l’espace dans le grand Sud-Ouest. La chaîne complète y est représentée : des talents qui savent concevoir des avions de toutes tailles et en fabriquer des éléments essentiels. De tels bassins d’emplois sont rares dans le monde, hors Seattle, siège de Boeing. Toulouse reste la métropole européenne où se prennent les décisions. De nombreux champions en aérostructures y sont basés, qui se concentrent autour d’unités de plus de 1 000 personnes. Soit des entreprises historiques telles que Latécoère pour l’aéronautique, Thales Alenia Space et Airbus Defence and Space pour le spatial, ou plus récentes comme Figeac Aéro. Soit des regroupements de PME en ETI (Entreprise de taille intermédiaire) à l’image de WeAre et autres Nexteam. La raison d’être d’Aerospace Valley : faire dialoguer et collaborer tous les acteurs de cet écosystème.

Pourtant le secteur est parfois pointé du doigt en matière environnementale
Notre priorité est de rendre les avions plus propres, partant du principe que nous en aurons au moins besoin pour les grandes distances. Que de progrès en 50 ans ! Aujourd’hui de nouveaux moteurs moins gourmands existent, les NEO ou New Engine Option. Ici encore, la recherche et les partenariats autorisent de belles avancées : hybride électrique, carburants alternatifs avec la prometteuse filière hydrogène, etc. Mais surtout avec l’utilisation des satellites au service de l’environnement. L’exploitation des données spatiales ouvre une feuille de route importante dans le domaine de la prédiction des modifications environnementales, de la prévention des catastrophes naturelles. Une approche qui permettra bientôt de réduire de 15 % l’empreinte environnementale des avions en jouant simplement sur le trafic aérien au sol et dans l’espace d’approche et de décollage grâce à des données de géolocalisation plus précises et des algorithmes, le domaine d’excellence de l’ENAC. Il manquait à Toulouse un événement international à la hauteur de son statut de capitale mondiale de l’aéronautique et de l’espace. Le MEETT, futur Parc des Expositions de 40 000 mètres carrés, s’annonce comme un véritable écrin pour accueillir le salon international Global Space en juin prochain.

Un écosystème ouvert qui dialogue aussi avec son versant académique…
Il représente une force très importante de la filière. Dans une logique de donnant-donnant. L’industrie contribue à la formation des étudiants : des ingénieurs donnent des cours, font du mentoring auprès des jeunes, passent du temps pour aider les écoles à définir leur programme, à anticiper sur l’évolution des technologies. En retour, ces dernières nous fournissent les ingénieurs et les cadres dont nous avons besoin. La vocation d’Aerospace Valley est de mettre en place des projets collaboratifs entre les entreprises de toutes tailles et les partenaires de la recherche et de la formation. Pour développer son avion qui vole dans un tube, Hyperloop n’a pas choisi Toulouse au hasard. Ils avaient besoin de compétences en mécanique des fluides, en aérodynamique, en automatismes, etc. Ils peuvent bénéficier de SupAéro, du Laas-CNRS, de l’ENAC (École Nationale d’Aviation Civile), des grands labos. Ils savent qu’ils peuvent recruter des jeunes pour leurs activités de R&D et s’appuyer sur leurs équipes de recherche pour les aider dans leur développement. Ce contexte a permis à Toulouse d’obtenir l’implantation d’un des quatre Instituts Interdisciplinaires d’Intelligence Artificielle (3IA) en France. Un élément clé pour favoriser l’émergence de nouveaux secteurs économiques durables.

Verbatim
La vocation d’Aerospace Valley: mettre en place des projets collaboratifs entre les entreprises et les partenaires de la recherche et de la formation.