Life Green Heart... Un exemple d’adaptation au changement climatique
Le spectaculaire retour de la nature sur l’île du Ramier a fait l’objet de solutions innovantes et d’un suivi scientifique. Les partenaires engagés dans le projet européen LIFE Green Heart ont rendu leurs conclusions cet automne.

25 hectares
C’est le périmètre total du projet Life Green Heart. 10 hectares ont été revégétalisés, dont 7 hectares dédiés au parc Picot de Lapeyrouse
64 espèces d’oiseaux et 280 espèces d’arbres et d’arbustes ont été comptabilisées sur l’île du Ramier
Comment adapter les villes aux changements climatiques ? Quel équilibre possible entre nature et urbanisation ? Comment restaurer des espaces sains, apaisants, bons pour les habitants comme pour l’environnement ? En orchestrant le retour de la nature au cœur de la ville, le programme d’aménagement de l’île du Ramier soulève des enjeux partagés par toutes les grandes villes. C’est pourquoi Toulouse Métropole l’inscrit dès 2019 au sein du programme LIFE mis en place par la Commission européenne1. Doublé d’une portée scientifique, le projet LIFE Green Heart s’étend sur un périmètre de 25 hectares au nord de l’île du Ramier. Ses missions ? Fertiliser les sols, apporter de la fraicheur, réduire la pollution atmosphérique... En décembre 2025, le projet arrive à terme, fort de six années d’innovations et de suivi. Les partenaires scientifiques ont partagé leurs résultats en octobre dernier. Retour d’expérience...
Des sols morts redevenus fertiles
En 2020, le déménagement du parc des expositions à Beauzelle permet le retour de la nature au nord du Stadium. 40 000 m2 de bâtiments sont déconstruits et le bitume des parkings est ôté sur 30 cm de profondeur. Sans surprise, les sols mis à nu se révèlent compacts, imperméables, morts. Pour retrouver une terre fertile, un protocole scientifique est mis en place avec l’aide de chercheurs spécialisés en microbiologie des sols et plusieurs techniques innovantes sont expérimentées. Décompactage, plantation d’une prairie temporaire de légumineuses et graminées, ajout de matière organique, réutilisation des limons... Au fil des ans, les résultats sont là. La vie souterraine est de retour, rendant possible l’aménagement du parc Picot de Lapeyrouse (ouverture en janvier, lire page 14). Parallèlement, la végétation des berges de la Garonne (ripisylve) est renforcée afin de limiter les crues et filtrer les eaux. 12 000 arbres et plants forestiers ont déjà été plantés rive droite (côté Empalot), 5 000 supplémentaires le seront fin 2026 sur la berge ouest de l’île (côté Croix de Pierre).
Déjà - 1°C le jour
Météo France a installé 14 stations météorologiques sur l’île et dans les quartiers voisins. Objectif : documenter en temps réel les effets de la démolition des bâtiments et des parkings sur la température, notamment lors des vagues de chaleur. Premières observations ? Remplacer les parkings par de la pelouse a déjà permis une diminution des températures de 1°C en journée. D’ici 10 à 20 ans, lorsque les arbres auront poussé, on pourra atteindre jusqu’à - 2°C le soir en température moyenne et, en ressenti, jusqu’à - 4°C le jour à l’ombre des arbres.
La qualité de l’air s’améliore
L'entreprise toulousaine WaltR est chargée du suivi de la qualité de l’air. À l’aide d’une technologie innovante, elle dresse une cartographie précise de la pollution atmosphérique. Les premiers résultats sont encourageants puisque le taux de CO2 et les niveaux de concentration de dioxyde d’azote ont déjà diminué.
La biodiversité refait son nid
Huppe fasciée, Pic épeiche, Bouscarle de Cetti, Martin-pêcheur, Bihoreau gris, Milan noir... 64 espèces d’oiseaux ont été comptabilisées sur l’île du Ramier. Depuis 2019, les naturalistes du Muséum y réalisent un suivi ornithologique, mais aussi celui de la flore et des arthropodes (insectes, araignées, mille-pattes...). Ils poursuivront les inventaires après les travaux afin d'étudier les différentes étapes de la colonisation par la flore et la faune.
Des innovations qui inspirent l’Europe
Toulouse s’inscrit désormais dans un réseau de partage des bonnes pratiques sur la renaturation des villes et la réduction des ilots de chaleur urbains. Ainsi, des échanges ont été initiés avec la ville allemande de Düsseldorf qui œuvre à la renaturation d'une petite rivière - la Düssel - et dont les températures futures correspondront probablement à celles de Toulouse aujourd’hui. Faces à des défis similaires, les deux villes - “jumelles climatiques”- adoptent des approches différentes. Cette diversité apporte son lot d'idées nouvelles : le jardin phénologique2 de Düsseldorf inspire Toulouse, l’expérience toulousaine en matière de brumisateurs ou de plan canicule bénéficie à Düsseldorf. Les deux villes ont aussi organisé des concours photos pour sensibiliser les citoyens. Des liens ont également été noués avec Vienne - qui mène un projet LIFE similaire sur l’île du Danube - tandis qu’un voyage à Tunis a permis d’en apprendre davantage sur l’adaptation des villes aux fortes chaleurs. Le retour d’expérience de LIFE Green Heart enrichira les connaissances d’autres villes européennes et les techniques expérimentées seront reproduites dans la métropole toulousaine, notamment pour mettre en valeur les abords des cours d’eau (canal du Midi, Touch, Hers...) dans le cadre des Grands Parcs.
1 L’Union Européenne finance Life Green Heart à hauteur de 1,7 millions d’euros, sur un budget total de 3,8 millions d’euros
2 qui étudie et prend en compte l'influence du climat sur le développement saisonnier des plantes et des animaux


