Marie-Hélène Baroux : Première femme à la tête de l'Isae-Supaero

Voilà un an qu’elle a pris la tête de l’ISAE-SUPAERO. Souveraineté, transition, mixité sociale, diversité de genre et aéronautique durable… Confrontée aux enjeux de l’époque et à sa complexité, Marie-Hélène Baroux est bien décidée à relever le gant.

  • 1993 : Étudiante à SUPAERO
  • 2019 : Directrice adjointe de l’ISAE-SUPAERO
  • 2024 : Directrice de l’ISAE-SUPAERO

Elle se prête de bonne grâce à la séance photo mais on sent bien qu’elle est plus habituée à mettre les projets en lumière qu’elle-même. Au 1er août, voilà tout juste un an que Marie-Hélène Baroux a pris la direction de l’Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace (ISAE-SUPAERO) basé à Montaudran. Des lieux qu’elle n’a pas découvert à cette occasion puisque la Toulousaine, qui a grandi à Fonsorbes, a fréquenté les bancs de SUPAERO en tant qu’étudiante dans les années 1990, notamment pour un master en mécanique et propulsion aérospatiale obtenu haut la main. « J’aurais adoré être astronaute », confie-t-elle. Pour voler plus haut encore que son père, Jean Pinet, fameux pilote d’essai du Concorde et modèle admiré ? « Il m’a assurément inspirée, mais je m’imaginais surtout remplissant une mission d’éboueur du ciel en charge des débris spatiaux », explique cette ingénieure, illustrant par là-même une préoccupation sincère et toujours vivace pour la durabilité du spatial. Inspirés par le père – j’étais dans ses pattes tout le temps lorsqu’il bricolait, sourit-elle –, son frère et ses deux soeurs intègrent Airbus tandis qu’elle-même rejoint la Direction Générale de l’Armement (DGA) à Paris. « J’y ai commencé dans le domaine des télécommunications par satellite et la sécurité des systèmes d’informations », explique-t-elle, précisant ne s’être jamais censurée en matière d’objectifs « notamment grâce à notre mère, qui a joué un rôle clé en soutenant et valorisant les filles autant que les garçons. » Biberonnée à l’égalité des genres, celle qui est la première femme à la tête de l’école n’a pas oublié la leçon. En 2019, lorsqu’elle retrouve Toulouse, alors nommée directrice adjointe de l’ISAE, elle lance aussitôt un plan de prévention des violences sexistes et sexuelles annonçant une tolérance zéro. « Je n’ai jamais souffert de ce type de situations, précise-t-elle. Mais, j’ai pu constater l’existence de ce fléau, notamment en matière de management. Et, en tant que lieu formateur de futurs cadres, l’école ne peut ignorer ses responsabilités en la matière. » Aujourd’hui inscrite dans l’ADN de l’ISAE-SUPAERO, la mixité des genres et leur égalité s’ajoutent à l’ouverture à la diversité sociale et à la vision internationale – près de 40 % d’étudiants sont issus de 60 pays différents –, des préoccupations parfaitement compatibles avec l’exigence de l’école : « Nous nous attachons à repérer des talents de toute origine mais tous passent au crible d’une sélection exigeante car la marque de l’ISAE reste avant tout le haut niveau en matière d’ingénierie », ne serait-ce que « parce qu’il faut beaucoup de rigueur scientifique et une maîtrise certaine de la complexité pour faire voler des avions et des fusées ». Pour ces talents, Marie-Hélène Baroux voit grand – vers l’infini et au-delà : « Outre assurer leur employabilité, le contenu de nos enseignements incite nos élèves à avoir un impact sur la société, affirme-t-elle. Dans notre domaine, cela consiste à traiter la transition écologique de l’aéronautique et de l’espace et également de participer à renforcer leur souveraineté, tant à l’échelle française qu’européenne ». Deux axes chers à l’ingénieure et qui se concrétisent d’ores et déjà par de nouvelles formations à venir en 2026 et 2027, un master aéronautique durable en collaboration avec l’ENAC et une formation d’ingénieur de spécialité en défense et sécurité coconstruite avec l’ENSTA (Paris).

Verbatim : « Il faut beaucoup de rigueur scientifique et une maîtrise certaine de la complexité pour faire voler des avions et des fusées »