Groupe Archipel Citoyen

Culture(s) à l’abandon
À l’heure où la Fédération nationale des collectivités pour la culture appelle les collectivités à renouer avec la vie culturelle, à Toulouse, les mauvaises nouvelles se succèdent. Ces derniers mois sonnent le glas de tout un patrimoine.

En janvier, Mix’Art Myris, grand lieu d’expérimentations artistiques reconnu par le ministère de la Culture, a vu ses locaux fermés administrativement pour des raisons de sécurité. Ceux-ci appartiennent pourtant à Toulouse Métropole, et la situation est connue depuis 15 ans sans que rien n’ait été fait malgré les demandes de l’association. Cette décision a pour conséquence de mettre à la rue près de 60 artistes et 10 associations, en pleine crise sanitaire. Quelques semaines plus tôt, la subvention habituellement attribuée était supprimée. La presse a noté que l’association ainsi attaquée s’était positionnée en faveur de notre liste aux municipales. Au Conseil métropolitain du 4 février, nous avons proposé 2 médiations, dont une avec la préfecture, pour que soit rétabli le dialogue. La majorité de Jean-Luc Moudenc a refusé avec véhémence.
Ancré dans la vie des Toulousains et Toulousaines depuis près de 200 ans, d’abord négoce de draperie puis lieu atypique qui a permis l’émergence de nombreuses créations théâtrales, le Pavillon Mazar était quant à lui en péril. Lors du Conseil municipal du 8 octobre 2020, nous avons proposé que la ville rachète le bâtiment comme le proposait le groupe qui l’animait, afin que l’activité perdure : le Département, la Région, la DRAC étaient prêts à contribuer, y compris financièrement. La majorité de Jean-Luc Moudenc a refusé, et 23 ans d’histoire vont disparaitre.

Hélas, ce manque de soutiens concrets n’est pas nouveau. En 2014, fraichement arrivés, M. Moudenc et son équipe décident d’abandonner les projets de la Cité de la danse et de la Maison de l’Image. En centre-ville, l’Espace Croix-Baragnon, site culturel emblématique, est vendu en 2018. À Basso Cambo, le château de la Mounède, lieu phare des musiques du monde à Toulouse, rénové en 2014, est également abandonné. Plus généralement, la vie culturelle de notre ville a grandement souffert de la baisse des subventions de 25% en moyenne en 7 ans. La majorité manie beaucoup mieux la gomme que le stylo. Elle abandonne le patrimoine de notre ville, témoigne d’un manque de confiance absolu en ses acteurs locaux. Faute d’écrire un projet culturel qui fait sens, elle s’abrite derrière quelques grands évènements médiatisés pour cacher l’absence d’actions durables et de proximité.

Ce n’est pourtant pas une fatalité, et aujourd’hui les acteurs culturels se mobilisent pour défendre et faire vivre les arts. Nous pouvons être une ville pionnière, celle qui décide de considérer la culture comme essentielle et de garantir les droits culturels. Dans l’immédiat, nous proposons de poétiser la ville : sortir la culture des musées quand ils sont fermés, et reproduire des oeuvres dans les rues, les transports, sur les palissades de chantier. À terme, Toulouse pourrait remplacer ses panneaux publicitaires par une « exposition à ciel ouvert » des expressions artistiques, et réinvestir l’espace public avec des spectacles vivants dans le respect des conditions sanitaires. Enfin, nous suggérons de faire participer les habitantes et habitants au choix des oeuvres installées dans l’espace public et financées par la ville, et d’associer designers et écoles d’art à l’aménagement urbain.

« La culture, c’est la vie qui fait commun; l’art, c’est une vision du monde », nous disait une habitante de Toulouse, lors d’une réunion publique en février 2020. À Toulouse, nous formulons le voeu qu’elle cesse d’être à l’abandon.

Les élu.e.s du groupe Archipel Citoyen