Entretien avec Jean-Luc Moudenc

Notre ambition pour Toulouse

Entretien. Jean-Luc Moudenc a été réélu maire lors des dernières élections municipales. Il nous livre sa vision pour Toulouse, nous parle de ses priorités pour la période de 2020 à 2026 et des premiers projets qu’il mettra en oeuvre.

Bio express

En 2020, Jean-Luc Moudenc est réélu maire de Toulouse sous les couleurs de l'équipe « Aimer Toulouse ». Premier magistrat de Toulouse depuis le printemps 2014 – et auparavant de 2004 à 2008 –, il est également président de Toulouse Métropole et exerce une activité professionnelle à temps aménagé comme contrôleur général économique et financier au ministère de l'Économie et des Finances. Élu député en 2012, il démissionne de l’Assemblée nationale en 2014 pour se consacrer à son mandat de maire, anticipant de plus de trois ans la loi contre le cumul des mandats. Son parcours est étroitement lié à Toulouse, lui qui fit ses premiers pas au Capitole aux côtés de Dominique Baudis.

Dans quel état d’esprit abordez-vous ce nouveau mandat ?
En premier lieu, je suis très reconnaissant envers les Toulousains. Et mon état d’esprit, c’est l’action : une volonté d’aller de l’avant, d’agir. On sait que les temps à venir seront difficiles, notamment à cause de la crise économique et sociale. Pour autant, ma volonté de préparer l’avenir de Toulouse est forte. Ce que je souhaite aussi, c’est que la ville se rassemble. Mon intention est d’écouter, à travers les décisions municipales, les Toulousains qui ont exprimé un vote différent.

Le mandat sera-t-il marqué par la continuité ou l’innovation ?
Si les Toulousains m’ont réélu, c'est qu'ils ont fait le choix de la continuité. C’est judicieux, car quand on a de grands projets tels que la 3e ligne de métro, une grande ambition pour une ville, il faut du temps. Mais Toulouse bouge, il y a de nouveaux habitants, de nouvelles attentes sociétales. Pour les prendre en compte, nous allons innover en mettant en oeuvre un projet riche de 307 propositions nouvelles. Une des innovations majeures sera l’accélération de la transformation écologique de Toulouse, déjà bien entamée avant 2020.

je souhaite être un maire fédérateur 

Qu’est-ce qui caractérise votre équipe ?
Tout d’abord, l’équilibre entre l’expérience et le renouvellement : 28 élus étaient déjà à mes côtés tandis que 24 nouveaux élus garantissent notre capacité à renouveler l’action municipale et apportent un regard neuf. Puis, la moitié de mes co-équipiers n’appartiennent à aucune formation politique et ont des sensibilités très diverses. Leur présence est ainsi une marque de respect envers la diversité toulousaine : diversité d’origines, de situations, de générations, de sexualités, etc. Mes co-équipiers qui appartiennent à une formation politique témoignent également d’une très grande diversité et ont su se fédérer autour du projet toulousain.

accélérer la transformation écologique de Toulouse

À la suite de la crise sanitaire, l’accès à la santé fait désormais partie de vos priorités. Pourquoi ?
La crise a fait émerger un acteur nouveau en santé publique : le maire. Selon une étude publiée fin juin dans “La Dépêche”, 78 % des Toulousains pensent que nous avons bien géré la crise du coronavirus. Partant de cette expérience, nous avons formulé plusieurs propositions pour la santé pour tous, notamment la création dans chaque quartier d'une maison pluri-professionnelle de santé. L’idée est d’associer, sur un même lieu, des professionnels de santé différents, afin que les Toulousains aient une solution pratique de santé près de chez eux. Nous souhaitons aussi mettre en avant le « bien-manger ». Nous devons donc travailler pour ramener vers la ville les productions régionales, continuer à développer les marchés de quartier et augmenter la part de produits bio, labellisés ou locaux dans l’assiette des petits Toulousains. La transformation écologique contribuera également à la protection des habitants.
 
Comment allez-vous soutenir l’emploi ?
Au niveau de la Métropole, nous avons élaboré un plan de relance de l’économie, et donc de l’emploi, qui permet de doper l’investissement dès 2020 pour le porter à 460 millions d’euros. Il s’agit de réaliser des pistes cyclables, de la voirie, etc., dans les 37 communes de la Métropole, pour donner du travail aux entreprises. Nous allons également créer une plateforme emploi-formation sur le web et mettre en place des formations gratuites pour épauler ceux qui cherchent un emploi. Parce que l’emploi est la priorité n°1, j’ai nommé une adjointe en charge de cette politique. 

investir pour soutenir l’économie

La crise économique qui se profile remet-elle en question des projets tels que la 3e ligne de métro ? Prévoyez-vous d’augmenter les impôts ?
Nous ne prévoyons surtout pas d’augmentation d’impôts, d'autant que la crise économique et sociale va pénaliser le pouvoir d'achat de nombre de nos concitoyens. Le projet de 3e ligne demeure une priorité. D’abord parce qu’en votant pour l'équipe que j’ai conduite, les Toulousains ont voté pour cette 3e ligne. Ensuite, parce que c’est un grand projet de transformation écologique et un chantier considérable, qui va créer plus de 22 000 emplois et évitera 90 000 trajets en voiture chaque jour ! 

Protéger l’ordre public est aussi votre priorité. Que prévoyez-vous ?
Nous allons continuer à renforcer la politique de sécurité et de tranquillité publiques. Concrètement, nous allons doubler le nombre de patrouilles de police municipale dans les quartiers et créer un nouveau service au contact de la population. Nous allons également mettre en place la procédure du « rappel à l’ordre » pour les mineurs qui commencent à glisser vers la délinquance, qui va mobiliser les services à caractère social de la collectivité et impliquer la famille, dans l’objectif de prévenir la délinquance. Nous souhaitons également augmenter le nombre de caméras de vidéoprotection et en placer dans les rames de métro. Autre innovation, une unité de la police municipale spécialisée dans la pacification des places publiques, des bas d’immeubles. Enfin, je continuerai le combat que je mène depuis des années pour demander à l’État davantage de policiers nationaux et de magistrats à Toulouse pour les questions de délinquance dure, en particulier la drogue.

j’exclus toute augmentation des impôts 

Ces élections ont confirmé l’importance de l’écologie. Comment allez-vous l’intégrer dans votre programme ?
Pour répondre à cette nouvelle attente très forte, j’ai décidé de piloter moimême l’écologie en ville et de donner l'impulsion pour réaliser les propositions de notre programme. L’objectif est de planter 100 000 arbres d’ici 2030, d’investir pour la 3e ligne de métro, 5 lignes Linéo de plus, l’achèvement du téléphérique et le vélo, en créant de nouvelles pistes cyclables à Toulouse et dans les communes de la Métropole tout en améliorant celles existantes. Il s’agit également de rénover les logements pour consommer moins d’énergie. Enfin, nous allons organiser des conventions citoyennes dans chaque quartier : autour du maire de quartier, tous les habitants qui souhaitent transformer leur quartier dans le sens de l'écologie vont pouvoir apporter des idées. Par ailleurs, je suis prêt à reprendre un certain nombre d’idées écologiques de la liste “Archipel”, celles compatibles avec le projet d“Aimer Toulouse”.

À l’échelle des quartiers, quels sont les projets pour le cadre de vie ?
Nous allons poursuivre la démarche « coeurs de quartier » commencée entre 2014 et 2020. L’idée est d’embellir les places publiques, où les gens se rencontrent, autour des commerces, des services publics. Nous allons aussi revaloriser les abords des stations de métro, actuelles et futures, en concertation avec les habitants du quartier. Le volet végétal prendra une large place dans ces projets, dans l’objectif de rafraîchir la ville.
En matière d’urbanisme, nous allons mettre en oeuvre les nouvelles règles de la densité modérée, entrées en vigueur en mai 2019. Je souhaite également qu’un travail soit fait, avec les Toulousains, pour construire une charte de la qualité architecturale et de l’identité urbaine de chaque quartier, applicable à tous les permis de construire.

Comment envisagez-vous de soutenir les personnes en difficulté ?
Les Toulousains vont être fragilisés par la crise. Nous nous y préparons, d’abord à travers le soutien aux associations humanitaires, en particulier dans le domaine alimentaire, en installant la Banque alimentaire au Grand Marché (ex marché-gare), afin qu’elle ait davantage de moyens. Il s’agit également de créer un Office Foncier solidaire, qui va permettre aux plus modestes de devenir propriétaire de leur logement à moindre prix (en n'achetant que les murs et pas le terrain) ainsi qu’une agence immobilière à vocation sociale. Nous avons également en projet la création d’un lieu des solidarités au Grand Matabiau et d’une mutuelle communale. Il s’agit aussi de davantage venir en aide aux femmes victimes de violences conjugales. Concernant le handicap, nous voulons que, d’ici 2026, tous les équipements publics de la collectivité soient accessibles. Pour moi, ce serait impensable de transformer écologiquement la ville sans se soucier des gens qui rencontrent des problèmes élémentaires. L’adjoint chargé des solidarités devient premier adjoint, c’est un message important.

considérer de manière préférentielle les plus pauvres

Comment imaginez-vous Toulouse dans 6 ans ?
Comme la grande ville qui fera toujours de nombreux envieux, parce qu'elle aura su protéger les plus modestes, maintenir son formidable dynamisme économique et se transformer écologiquement sans exclure personne. 

faire progresser Toulouse