Aline Cerf - Une chercheuse engagée contre le cancer

Docteur en nanophysique, la chercheuse toulousaine Aline Cerf est à la tête de la start-up SmartCatch, qui développe depuis 2016 une solution permettant d’améliorer les diagnostics des tumeurs cancéreuses.

  • 2010
    Aline Cerf obtient un doctorat en nanophysique à l’Université de Toulouse
  • 2016
    Création de la société toulousaine SmartCatch
  • 2022
    Une première solution, dédiée au monde de la recherche, devrait voir le jour, avant le lancement d’un dispositif médical à l’horizon 2026

C’est dans son laboratoire de la pépinière d’entreprises Centre Pierre Potier, animée par Toulouse Métropole sur le site de l’Oncopole, que s’affaire au quotidien Aline Cerf, à la tête de la start-up SmartCatch, qu’elle a co-fondée en 2016. La mission de la jeune entreprise de huit salariés : développer une solution permettant de « piéger » des biomarqueurs du cancer directement dans le sang. « Ces cellules tumorales circulantes voyagent dans la circulation sanguine après s’être détachées des tumeurs, explique-t-elle. En les capturant et les analysant, nous pourrions réaliser des diagnostics beaucoup plus précoces qu’en nous basant, comme c’est le cas aujourd’hui, sur des biopsies solides. De la sorte, en gagnant du temps dans l’administration des traitements adaptés, nous pourrions contribuer à sauver des vies. » Une première solution, dédiée au monde de la recherche, pourrait voir le jour dès 2022, avant le lancement d’un dispositif médical à l’horizon 2026.

Des labos à la start-up : Un transfert de technologie réussi
Pour Aline Cerf, l’aventure va bien au-delà du simple projet entrepreneurial. « J’ai perdu une personne qui m’était très proche des suites d’un cancer, confie-t-elle. Inconsciemment, cela m’a forcément orientée vers ce champ de la recherche. » Car avant d’être chef d’entreprise, la jeune femme – issue d’une famille d’ingénieurs et de médecins – est avant tout une chercheuse de haut niveau. Après avoir obtenu un doctorat en nanophysique en 2010 à l’Université de Toulouse, délivré par l’Institut national des sciences appliquées, elle a effectué un post-doctorat de deux ans à l’Université de Cornell, aux États-Unis, puis elle a rejoint le CNRS en 2012 en tant que chargée de recherche au sein du Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS), à Toulouse. « C’est à partir de là que j’ai commencé à travailler sur le développement de nouvelles techniques et outils issus des microtechnologies susceptibles d’être utilisés dans le diagnostic et le traitement des cancers », indique-t-elle. Avec l’idée, déjà, de créer sa propre entreprise ? Pas forcément. « Même si j’ai un profil de chercheuse de terrain, je ne m’étais pas projetée dans un tel projet, reconnaît-elle. Mais je sentais que nous tenions là quelque chose d’important. Une découverte comme on n’en fait, au fond, qu’une seule fois dans sa carrière. Transformer en projet d’entreprise cette technologie issue du monde académique est rapidement apparu comme une évidence. »

Un écosystème toulousain « de premier ordre »
SmartCatch a ainsi été fondée conjointement par une équipe spécialisée en micro/nanotechnologies du LAASCNRS et des chirurgiens urologues de l’Institut Universitaire du Cancer de Toulouse-Oncopole et de l’Uropole de Montauban. Après avoir levé 3,2 millions d’euros en avril dernier auprès du fonds d’investissement parisien Kurma Partners et des acteurs toulousains Irdi Capital Investissement et M Capital, la start-up pourrait organiser un nouveau tour de table financier dès 2023. Une aventure qui enthousiasme Aline Cerf, dont l’équipe s’étoffe de mois en mois. « Nous avons la chance de bénéficier de la force de l’écosystème toulousain de l’innovation, qui est de premier ordre, estime la dirigeante. Le territoire compte tous les acteurs dont une entreprise comme la nôtre a besoin pour se développer. C’est absolument idéal ! »

Verbatim
« J’ai senti que nous tenions quelque chose d’important. Une découverte comme on n’en fait qu’une seule fois dans sa carrière. »

L’interview d’Aline Cerf sur toulouse-metropole.fr