Domitille Roche-Michoudet - Une deuxième vie pour le cuir

Domitille Roche-Michoudet a fondé l’atelier Méta. Depuis 2020, elle travaille les chutes des cuirs utilisés dans la confection des sièges d’avion. Objectif : marier créativité et valorisation des déchets.

1989
Naissance à Toulouse

2014-2019
Séjour en Argentine

2020
Lancement de l’atelier Méta

« J’ai toujours cousu ! » Devant sa tasse de maté fumant, Domitille Roche-Michoudet exprime la passion transmise par une mère à ses filles. « À la maison, petites, ma soeur jumelle et moi, nous pouvions faire tout ce qui nous chantait avec la machine à coudre », ajoute-t-elle. C’est pourtant bien loin du domicile familial, à Buenos Aires, en 2014, que la jeune femme découvre le travail du cuir tandis que sa soeur devient costumière en France. « J’étais inscrite en licence de scénographie et c’est une rencontre au sein de l’université qui a été décisive dans mon initiation à la maroquinerie. » Durant plusieurs mois, Domitille apprend d’une spécialiste les gestes spécifiques à cette technique. Une fois prête, elle propose ses créations sur les marchés touristiques de la capitale argentine. Mais, malgré le succès rencontré, la crise a raison de son entreprise naissante. « Je travaillais toute la semaine sans plus arriver à payer mon loyer », explique l’artisan-couturière. Le retour à Toulouse s’impose en 2019. Là, c’est encore une rencontre qui va aiguillonner son parcours et l’aider à lancer un atelier de maroquinerie version toulousaine. Autour de la table dominicale, Domitille confie son projet à une amie de la famille, par ailleurs co-fondatrice de la Maison de l’Initiative. Ça tombe bien, une formation à la création d’entreprise y commence le lendemain…

Tout ce qui se coud

L’idée de Domitille ? Travailler une matière première déjà produite pour éviter des dépenses énergétiques néfastes à l’environnement. Et donner une couleur locale à l’aventure. « Il y avait déjà l’exemple des toiles de bateaux recyclées sur nos côtes, j’ai pensé que l’équivalent toulousain était de valoriser les chutes de cuir issues de l’industrie aéronautique. » En avril 2020, l’atelier Méta ouvre ses portes. Protège-passeports, étiquettes bagages, étuis à stylo, housse d’ordinateurs, tapis de souris… le catalogue de Domitille prend très vite forme. Mais il y a un hic. La matière première que la créatrice pensait disponible à l’envi se montre pourtant rare. « Je peine à entrer en contact avec les décideurs des sociétés locales, regrette-t-elle. Pourtant, cela leur permettrait de se débarrasser des chutes au sein d’une filière valorisante et durable. » Difficile dans ces conditions d’avoir suffisamment de visibilité sur les stocks pour assurer la production régulière de pièces plus volumineuses, comme les sacs à main ou les sacs à dos. Mais la jeune femme ne baisse pas les bras. « Mes créations se vendent maintenant en magasin, comme chez Beautique, rue des Paradoux à Toulouse, se réjouit-elle. Et je fais appel à l’inventivité pour développer des filières parallèles. » Comme la transformation en sac de courses d’emballages de café, récupérés auprès de magasins de vrac et qui lui ont valu le label « Entreprise zéro déchet » décerné par la Chambre des Métiers d’Artisanat et d’Art (CMAA). « En attendant d’étoffer mon réseau dans l’aéronautique, je recycle tout ce qui se coud ! », conclut en souriant Domitille, bien décidée à ne pas se laisser arrêter par les obstacles. Un optimisme que n’aurait pas renié les pionniers de l’Aéropostale…

Verbatim

« En attendant d’étoffer mon réseau dans l’aéronautique, je recycle tout ce qui se coud ! »