L'hôtel d'Assézat, joyau de la Renaissance
Édifié en plein coeur de Toulouse au XVIe siècle, l’hôtel d'Assézat est souvent décrit comme le plus bel hôtel particulier de la Ville rose. Un trésor représentatif de la Renaissance classique, période faste à Toulouse, qui renferme un autre trésor : les collections de la Fondation Bemberg.
C’est Pierre d’Assézat, riche marchand et Capitoul ayant notamment fait fortune avec le pastel, qui fait construire entre 1555 et 1562, cet hôtel particulier. Le bâtiment, qui porte encore aujourd’hui son nom, est l'oeuvre de l’architecte et sculpteur de renom Nicolas Bachelier. L’opulence, mais aussi l’érudition de son riche propriétaire, se devinent dès le monumental portail d’entrée, flanqué de ses deux pilastres doriques et parsemé de nombreux détails d’un raffinement sophistiqué. L’hôtel, dominé par sa tour d'escalier, se déploie autour d’une vaste cour, entourée par deux corps de bâtiments sur trois niveaux qui s’articulent de part et d’autre d’un escalier majestueux à rampes droites. Les fenêtres sont encadrées de colonnes à chapiteaux successivement doriques 1, ioniques 2 et corinthiens 3, les trois ordres de l'architecture antique. Une loggia d’où on pouvait admirer ce qui se passait dans la cour et une élégante coursière pour accéder aux bureaux du maître des lieux complètent le bâtiment. On note l’usage de la pierre, matériau très prisé des classes aisées de l’époque, qui tranche sur le rose de la brique, apportant une fantaisie inattendue.
La culture en fil rouge
En 1761, la famille Assézat cède l'hôtel, jusque-là lieu de résidence et de négoce, au baron de Puymaurin, un mécène, collectionneur, et musicien amateur, qui le rénove pour le moderniser et y exposer sa collection. C'est à cette époque que les fenêtres originelles, aux meneaux de pierre, prennent leur forme actuelle. 30 ans plus tard, il est vendu et transformé en magasins, avant d'être divisé en appartements et espaces de stockage. Il faut attendre le rachat par Théodore Ozenne, éminent mécène et banquier de Toulouse, pour que l’hôtel d’Assézat soit offert à la Ville en 1895, à condition qu’il accueille les six académies savantes toulousaines, dont la plus ancienne de toutes : les Jeux Floraux, plus de sept fois centenaires.
La tour "capitulaire" qui domine l’Hôtel d’Assézat est une des plus hautes de la Ville rose.
Quelle est sa hauteur ?
26 mètres
La tour de l'Hôtel d'Assézat possède une habitation au dessus de la cage d'escalier, ainsi qu'une terrasse offrant une vue à 360 degrés sur la ville. C'est par la tourelle, qui redouble l'impression de hauteur, qu'on y accède.
Sous l’influence de l'architecte italien Sebastiano Serlio, les colonnes de la façade respectent les 3 ordres architecturaux.
Quels sont les éléments architecturaux de l'Hôtel d'Assézat, typiques d'un hôtel particulier toulousain ?
- Le portail (le reflet de la personnalité du propriétaire)
- La muraille (généralement un mur de briques entre 3 et 5 mètres de haut)
- La façade sur rue
- L'escalier d'honneur à l'intérieur de la tour (contrairement à d'autres hôtels, il est ici fermé et dissimulé dans le corps de bâtiment de l'aile ouest)
- La cour (celle de l'hôtel d'Assézat se distingue par l'ampleur de ses 465 m2)
- La coursive du mur est, au premier niveau
- La loggia, galerie surélevée donnant sur la cour
Les appartements :
- Rez-de-chaussée pour les visiteurs et la vie de famille ainsi que le comptoir du marchand
- Premier étage pour le notable
- 2e étage pour la dame et les enfants
Les services en sous-sol :
- Les cuisines
- Les caves
- Le jardin accessible depuis la cour par le 2nd porche
On retrouve les armoiries de Pierre d'Assézat au-dessus du porche côté cour : le cygne d'argent sur fond bleu azur (partiellement effacé).
L'Atlante au visage burlesque, figure très appréciée à Toulouse à la Renaissance, semble porter sur sa tête tout le poids de l'escalier d'honneur.
Actu
Les trésors de Georges Bemberg de nouveau exposés
Après trois ans de travaux, le musée de la Fondation Bemberg, hébergé au sein de l’hôtel d’Assézat depuis 1995, a rouvert ses portes au public le 2 février. Dans des espaces décloisonnés et qui ont retrouvé pour partie leur disposition initiale, les visiteurs peuvent admirer la riche collection de l'écrivain argentin Georges Bemberg. Sous un apparent éclectisme, cette collection remarquable se dévoile selon un parcours chronothématique dont le portrait est le pivot. Les oeuvres présentées couvrent plus de cinq siècles de création artistique depuis le XVe siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, de Cranach à Véronèse, de Bonnard à Picasso, Signac ou encore Degas.
Bibliographie : Rémi Papillault, Les hôtels particuliers de Toulouse au XVIe siècle, Mémoires des Pays d'Oc ; Corinne Clément et Sonia Ruiz, Toulouse secret et insolite, les trésors cachés de la Ville rose, Éditions Les Beaux Jours ; Francis Pornon, Toulouse, petits secrets et grandes histoires, Guide du promeneur curieux, Éditions Sud-Ouest
Direction : L'agence evelyne ; Texte : Marie Grivot ; Illustrations : Célia Gazal ; Merci à la conservatrice de la Fondation Bemberg, Ana Debenedetti. Merci à la Direction du Patrimoine.