Le campus santé du futur à l'Oncopole - Des forces vives inventent la médecine de demain
Vingt-deux ans après l’explosion de l’usine chimique AZF, la reconversion du site se poursuit. Voulu par Philippe Douste-Blazy, l'Oncopole a d’abord été exclusivement dédié à la lutte contre le cancer. Puis, Jean-Luc Moudenc a souhaité élargir ses domaines de compétences vers la bioproduction, le vieillissement et l’intelligence artificielle. Désormais désigné « Campus santé du futur – Oncopole », ce pôle emblématique de la médecine à Toulouse est devenu une référence internationale et participe au dynamisme économique du territoire. Les clés du succès ? L’union des forces vives de la santé, qu’elles soient publiques ou privées. Réunis sur un même site, un hôpital universitaire, les laboratoires Pierre Fabre, un centre international de recherche, une pépinière d’entreprises et des groupes pharmaceutiques interagissent en permanence.
Les synergies à l’oeuvre stimulent l’éclosion d’innovations thérapeutiques et diagnostiques, expérimentées sur place et mises en soins sans temps mort. La richesse de cet écosystème et la présence d’équipements de pointe attirent des scientifiques toujours plus nombreux et les projets se multiplient : construction d’usines de production de médicaments, extension de l’institut du cancer, émergence de nouveaux bâtiments pour les entreprises et les laboratoires... Un cercle vertueux soutenu par Toulouse Métropole, qui accompagne l’installation des nouveaux venus tout en dotant le site de services et d’infrastructures adaptées.
L’UNION DE FORCES VIVES AU SERVICE DE LA SANTÉ DE TOUS
Le Campus santé du futur - Oncopole brasse des acteurs variés. Tour d’horizon d’un écosystème particulièrement dynamique.
L’ONCOLOGIE, À LA POINTE DE L’EXCELLENCE
C’est un projet médical et scientifique unique en France. « L’Oncopole » rassemble sur un même site plus de 2000 professionnels engagés dans la lutte contre le cancer, répartis entre l’Institut universitaire du cancer de Toulouse-Oncopole (IUCT) et le Centre de recherche en cancérologie de Toulouse (CRCT). Cette alliance permet de booster les découvertes thérapeutiques et de proposer des soins toujours plus innovants aux patients. Un exemple ? L’IUCT- Oncopole a été le premier site en Europe à administrer un vaccin personnalisé pour empêcher la récidive chez des patients atteints d’un cancer ORL. Labellisé Comprehensive cancer center, l’Institut jouit d’une reconnaissance internationale et suit chaque année plus de 38 000 patients. Face aux besoins croissants, un projet d’extension prévoit la construction de nouveaux bâtiments pour augmenter la capacité d’accueil à 400 lits (contre 300 actuellement) et développer les activités autour de la recherche et du traitement du cancer en misant sur l’intelligence artificielle.
LA SANTÉ DE DEMAIN
Déjà reconnu pour son excellence en oncologie, le Campus santé du futur s’est fixé trois nouveaux défis : développer la bioproduction et les biothérapies (traitements utilisant des médicaments produits à partir de cellules ou de microorganismes), mieux soigner avec l’intelligence artificielle et le numérique, accélérer la recherche en gérosciences. Objectifs ? Imposer la métropole de Toulouse comme une référence en matière de santé et contribuer à la diversification de l’économie du territoire. De fait, la santé du futur s’impose parmi les pôles d’excellence incontournables du territoire métropolitain, au même titre que les mobilités décarbonées à Francazal, l’aéronautique et le spatial à Toulouse Aerospace ou le numérique et la cybersécurité au sein du futur campus Grand Matabiau.
DES STARTUPS INNOVANTES
Le Centre Pierre Potier repose sur une idée originale : faire cohabiter une pépinière d’entreprises dédiées aux biotechnologies, des laboratoires de recherche et une plateforme mutualisée d’équipements scientifiques et techniques. L’idée ? Réduire le délai entre une découverte scientifique et la commercialisation de l’innovation qui en découle. Accompagnées par Toulouse Métropole, les 19 jeunes entreprises accueillies au sein de la pépinière bénéficient de loyers progressifs à des tarifs attractifs et d’équipements de pointe.
SPORT ET SERVICES
Deux grands bâtiments vont émerger à partir de 2025 sur le campus. Ils proposeront divers services, aux employés comme aux riverains, orientés vers le sport et le bien-être. Lancé à l’occasion du programme Dessine-moi Toulouse initié par Jean-Luc Moudenc, le HUB prévoit la création d’une grande salle d’escalade, d’une crèche et d’un restaurant, aux côtés de bureaux et de laboratoires (livraison en 2025). Porté par Icade, le projet Respire regroupera 40 000 m2 d’équipements sportifs (gymnases, salle de sport, parcours accrobranche…), des locaux dédiés à la formation, des bureaux et des laboratoires pour des entreprises et des chercheurs en biosanté, un hôtel, un restaurant… Livraison en plusieurs phases, entre 2025 et 2027.
UN CAMPUS ÉCORESPONSABLE
L’innovation à l’oeuvre dans le domaine de la santé se manifeste aussi en faveur de l’environnement. Exemplaire en matière d’énergie durable, le campus accueille une centrale solaire (installée par Toulouse Métropole) composée de 35 000 panneaux photovoltaïques, et le site est connecté au réseau de chaleur urbain du Mirail alimenté par l’incinération des ordures ménagères (lire page 8). Le pôle est desservi par des voies vertes facilitant l’accès à vélo, par la navette autonome EasyMile et par Téléo qui, depuis le printemps 2022, relie le site au CHU de Rangueil et à l’université Paul-Sabatier en moins de 10 minutes.
220 ha : Le Campus Santé du futur – Oncopole s’étend sur 220 hectares en bord de Garonne, propriétés de Toulouse Métropole.
6300 emplois : Le site accueille 6300 salariés au sein de 56 établissements (48 entreprises et 8 centres de soin et de recherche), 1300 créations d’emplois supplémentaires sont attendues d’ici 3 ans.
1 brevet par mois : Les travaux de recherches menés sur le campus génèrent 1 publication par jour et 1 brevet est déposé chaque mois rien que dans le domaine de l’oncologie.
3 questions à ÉMILIE ROYÈRE
Directrice générale du pôle de compétitivité Eurobiomed qui regroupe les acteurs de la filière santé du grand Sud.
Des conditions idéales pour faire jaillir les idées
Quels sont les atouts du Campus santé du futur – Oncopole ?
C’est un vrai campus qui rassemble de multiples acteurs de l’innovation et de la santé. Centre de soins, de recherche, start-up, entreprises de toutes tailles… De la recherche clinique à la production de médicaments, l’ensemble de la chaîne y est représenté. Cette proximité géographique facilite les échanges informels en continu, les discussions spontanées… Ce sont des conditions idéales pour faire jaillir les idées. En plus, travailler sur le campus donne le sentiment d’appartenir à une même communauté. Ce climat de confiance facilite la coopération.
Des exemples d’innovations nées dans ce campus ?
Il y en a tant ! Si on ne devait en citer qu’une, ce serait probablement la découverte du vaccin individualisé TG4050 contre certains cancers qui permettra d’éviter les récidives. C’est une innovation mondiale et les premiers essais cliniques coordonnés par le professeur Jean-Pierre Delord au sein de l’Institut Universitaire du Cancer de Toulouse (IUCT) sont très encourageants. Côté start-up, on peut mentionner la production à grande échelle de cellules souches à partir de tissus adipeux développée par Cell-Easy ou, côté laboratoires, le miroir connecté de Pierre Fabre qui réalise des diagnostics de peau personnalisés.
Pourquoi l’« Oncopole » a choisi de s’ouvrir à la « santé du futur » ?
Chaque avancée dans un domaine permet de faire progresser la santé au sens large. Par exemple, les recherches menées en immunothérapie auront des applications sur les cancers, mais aussi sur les maladies infectieuses, inflammatoires… C’est la même logique que celle observée avec le vaccin contre le Covid. S’il a pu être élaboré aussi vite, c’est parce que la recherche contre le cancer travaillait depuis des décennies sur ce nouveau type de vaccins. En élargissant le spectre, le Campus santé du futur fait tomber les cloisons pour lutter plus efficacement contre le cancer et, par ricochet, combattre d’autres maladies.
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TOULOUSE, LEADER EN PRODUCTION PHARMACEUTIQUE
L’industrie française du médicament connaît un regain d’énergie à Toulouse avec l’installation de plusieurs sociétés de bioproduction au coeur du Campus santé du futur – Oncopole.
La crise sanitaire a montré la nécessité de relocaliser la production des médicaments en France. Objectifs ? Garantir notre souveraineté sanitaire et ne plus dépendre d’autres pays, notamment l’Inde et la Chine. Forte de son excellence en matière de biothérapies, biotechnologies et bioproduction, Toulouse prend toute sa place en Europe et accueille des entrepreneurs qui fabriquent les médicaments aux côtés de grands laboratoires, tels que Pierre Fabre.
EVOTEC
La société allemande de recherche et développement pharmaceutique vient d’achever la construction de son usine de production J.POD d’anticorps monoclonaux. Elle entrera en production en 2024. Soutenu par l’État et des collectivités locales, ce centre innovant sera la première usine de bioproduction en Europe. À terme, elle emploiera plus de 150 personnes hautement qualifiées.
GTP BIOWAYS
La société spécialisée dans la production de protéines thérapeutiques vient d’ouvrir deux nouvelles unités de fabrication sur le campus, l’une microbienne, l’autre cellulaire. La production de composants à partir de cellules mammifères permettra notamment la fabrication de lots cliniques d’un vaccin nasal contre le Covid.
CELL EASY
La start-up toulousaine produit des cellules souches à partir de tissus adipeux (jusque là, elles provenaient surtout de moelle osseuse). Cette approche permet de produire des cellules souches à grande échelle et de réduire le coût de la thérapie cellulaire. De quoi faciliter les essais cliniques contre les maladies d’Alzheimer, de Crohn ou des maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques.
FLASH THERAPEUTICS
La société de thérapie génique développe et produit des technologies de transfert d’ADN et d’ARN pour traiter les maladies génétiques, les cancers et les virus.
Une usine de paracétamol à l’horizon 2024
Lutter contre la pénurie de médicaments. C’est l’objectif de l’entreprise Ipsophène qui souhaite installer une usine de paracétamol à Toulouse à l’horizon 2024. Ses ambitions ? Produire 3 000 tonnes de paracétamol par an et être la première usine à localiser 100% de la chaîne de production de principes actifs en France.