On en parle

Pierre Précieuse

Responsable locale de l’association Proxité, Laurie-Anne Rocher met ses compétences, son énergie et son inventivité au service des jeunes des quartiers. Sa mission : toquer à la porte de grandes entreprises pour trouver des parrains-marraines pour ces jeunes en difficulté.

tenter et convaincre : un challenge quotidien

C’est une jeune femme de 30 ans. On sent une belle personne, de celles dont on aurait envie de s’entourer. Bienveillante, travailleuse, et modeste avec ça ! On devine l’élève studieuse qui, justement parce qu’elle était « bonne élève », a pu intégrer Sciences Po Paris à 18 ans, après une scolarité à Saint-Étienne, sa ville de naissance. À l’époque, elle a déjà la fibre solidaire et s’engage dans des associations humanitaires. À 23 ans, master RH en poche, elle sort de l’école déçue par son expérience en entreprise : « poids de la hiérarchie, manque d’autonomie, sentiment de ne pas servir à grand-chose ». C’est alors qu’elle tombe sur l’offre d’une « toute petite asso » basée à Saint-Denis, qui développe un système de parrainage de jeunes issus de quartiers prioritaires par des professionnels bénévoles. Il s’agit de soutien scolaire, de conseils d’orientation, de partage d’expérience pour remettre les jeunes en confiance. Tout de suite, elle « se retrouve » dans le projet de Proxité, ses valeurs, la liberté d’action au quotidien. Elle va prendre 40 ados et bénévoles sous son aile. C’est « à la fois très fort et parfois dur » sur le plan relationnel. Trois ans plus tard, elle devient responsable de la communication et de la pédagogie. Elle est désormais chargée de la formation des parrains, des outils « méthodo » et des mesures d’impact. Une fonction stratégique ! En 2018, direction Toulouse, où la première antenne de l’association a ouvert en 2015, à Reynerie, grâce à un partenariat avec la fondation Airbus. Elle travaille sur la création de trois autres antennes locales avant de prendre le poste de responsable de territoire.

Engagée sur le terrain

Proxité Toulouse, c’est une équipe de cinq personnes et 200 jeunes accompagnés. Laurie-Anne a pour principal challenge d’« ouvrir des portes » pour trouver de nouveaux bénévoles. Il faut faire preuve d’inventivité. Chaque parrain gagné est une victoire. Ses atouts ? « Une très bonne organisation et la maîtrise des codes de l’entreprise. Bilans, reporting, process… : on parle le même langage ! », raconte celle qui, ne voulant pas se mettre en avant, parle pour le collectif. Son profil – à elle – est pourtant précieux, comme en témoigne Mathieu Lantier, qui fut son responsable à Saint-Denis : « C’est une grande chance pour nous que ce type de talent choisisse la voie associative. Une recrue brillante, dotée d’une sensibilité et d’une capacité d’écoute rares, qui a su faire grandir l’association ». Au fil des années, c’est avec toujours le même « enthousiasme » qu’elle continue de mener bataille pour les jeunes des quartiers. Ses satisfactions ? Voir les ados s’ouvrir, prendre confiance en eux et dépasser le sentiment « d’être nul » qui a fini par s’ancrer avec la pression du système scolaire. Son prochain défi ? Étendre l’action sur l’Occitanie et aller en zone rurale. Elle qui a grandi à la campagne, ça la « touche ». Et comme elle a besoin de sens…