Des jardins qui (ré)concilient homme et nature


Sur les bords du canal du Midi, la nature est préservée dans le respect des promeneurs.

L'entretien des espaces verts vise un double objectif : répondre aux besoins des citadins tout en protégeant la biodiversité en milieu urbain.

Armoise et lierre sur les berges du canal du Midi. Des orchidées sauvages au jardin du Barry. En pied d'immeubles, coquelicots, pâquerettes et pissenlits… Vous l’avez certainement remarqué, herbes et fleurs sauvages jaillissent spontanément aux quatre coins de la ville. Pourquoi les laisser pousser ? Pour protéger la faune et la flore en milieu urbain. Depuis quelques années, l’entretien des espaces verts se pense au cas par cas, de manière à trouver le bon équilibre entre respect de l’environnement et besoins des habitants. Ces derniers ont tout à y gagner. Moins polluante, plus économique et plus écologique, cette approche a des effets bénéfiques.

Au cas par cas
Le principe ? Adopter le meilleur geste en fonction du contexte : laisser pousser la végétation là où elle ne gêne personne, n'arroser que s’il n’a pas plu, réserver les massifs fleuris sophistiqués aux sites les plus fréquentés… Chaque espace vert est entretenu différemment selon ses usages. Exemples ? Une aire de pique-nique et un terrain de jeux dédié aux enfants sont tondus régulièrement. De même, un rond-point est suffisamment entretenu pour ne pas gêner la visibilité des automobilistes. En revanche, friches, plaines, zones naturelles ou peu fréquentées exigent moins d’interventions. Elles peuvent laisser place à une nature luxuriante propice à l’installation de fleurs sauvages et d’insectes pollinisateurs. Ainsi, des prairies urbaines se sont développées au bord des routes, au coeur des parcs et des zones vertes. Obtenues en supprimant les tontes rapprochées, elles ont permis le rétablissement des cycles naturels : l’herbe pousse, fleurit, attire abeilles, papillons et oiseaux qui disséminent les graines. Selon une logique similaire, les arbres secs ne sont plus systématiquement abattus afin d’offrir des abris aux insectes, chauve-souris, écureuils, pics et autres petits animaux. Cette gestion plus réfléchie des espaces verts permet de restaurer la diversité des paysages et des écosystèmes en recréant des milieux naturels variés associant prairies, vergers, bosquets arborés, haies champêtres, etc. Autre avantage ? L’économie des ressources naturelles. L’arrosage nocturne des gazons et la disposition d’un paillis au pied des arbustes avec des copeaux de bois limitent les pertes en eau. Réduire les tontes économise le carburant et diminue la pollution. La plantation d’espèces locales est privilégiée. Mieux adaptées au climat et aux terrains de la région, elles consomment moins d’eau et exigent peu de soins.

Zéro Pesticides
Un entretien adapté à chaque espace vert accompagne l’interdiction des produits toxiques. Exit pesticides, place au désherbage mécanique, manuel… voire animal, comme aux Argoulets où, chaque printemps, 80 brebis désherbent la zone verte. Quant aux insecticides, nous les avons remplacés par des coccinelles, chrysopes et autres prédateurs naturels des nuisibles.

Gaëlle Aggeri,
Chercheuse associée au Laboratoire de recherche en projet de paysage de Versailles, membre du conseil scientifique de la nature en ville de Toulouse Métropole

Pourquoi adopter un entretien différent pour chaque espace vert ?
Parce que cela contribue à créer des villes plus saines et apaisées qui respectent l’environnement. Cela permet de varier les paysages, de préserver les espaces naturels et la biodiversité ordinaire, d’économiser l’eau, de limiter le bruit et de mettre un terme aux nuisances environnementales : les pesticides, la pollution des eaux, la destruction de la flore et de la faune…

Quels bénéfices pour les habitants ?
Les citadins gagnent un air plus sain, sans la pollution générée par les tondeuses et sans pesticides. La nature a des effets bénéfiques sur la santé. Elle réduit les maladies respiratoires, psychologiques et, en favorisant l’activité physique, a un effet sur l’obésité et les maladies cardiaques. Densifier la nature en ville est une des solutions pour prévenir les changements climatiques. Des études montrent qu’en période de canicule, les températures sont plus fraîches de 1 à 4°C dans les quartiers très végétalisés.

La nature sauvage en ville… ce n’est pas sale ?
Non, la nature n’est pas sale. Elle est perçue comme telle quand on ne la connaît pas. Une enquête menée par l’association Plante & Cité sur la perception de la flore spontanée en ville a montré que plus les citoyens connaissaient la flore sauvage et ses effets sur la santé, plus ils l’appréciaient.