Interview de Jean-Luc Moudenc
“Les toulousains aiment leur ville et j'en suis fier”
Sécurité, déplacements, cadre de vie, solidarité, nature en ville... Jean-Luc Moudenc, Maire de Toulouse, revient sur les réalisations qui ont marqué le mandat. Entretien.
Ce mandat s'est déroulé dans un contexte difficile marqué par des crises successives. Comment la municipalité a-t-elle fait face ?
Effectivement, ce mandat a été très particulier. Jamais nous n’avions connu autant de crises. D’abord la pandémie de Covid, puis la crise énergétique, le retour de l’inflation, la hausse des coûts des marchés publics… Il a fallu trouver des solutions et, en même temps, respecter nos engagements électoraux. Face à la Covid, nous avons su être réactifs en organisant des centres de vaccination et en prenant des mesures de sécurité sanitaire inédites. Avec le retour de l’inflation, nous aurions pu sacrifier des projets mais nous avons refusé de modifier notre trajectoire. Nous avons revu certains calendriers, mais nous avons tenu nos promesses. Il m’importe que notre parole soit honorée par les actes.
Promesses tenues sans augmenter les impôts ?
Dans ce contexte difficile, je tenais à renforcer la solidarité et l’attention portée aux plus fragiles. Les taux d'imposition que nous maîtrisons sont identiques à ceux de 2015. Parallèlement, nous avons pris des mesures pour soutenir le pouvoir d’achat des Toulousains fragilisés par l’inflation. Nous avons mis en place de nombreuses aides financières dans des domaines très variés, maintenu les prix dans les cantines et les restaurants seniors, multiplié les réductions, les prêts, les primes... Nous avons tenu le cap grâce à notre expérience et au sérieux de notre gestion.
Quelle réponse avez-vous apportée pour lutter contre la désertification médicale ?
Nous avons réuni dans un partenariat de travail l’Agence Régionale de Santé, la caisse primaire d’assurance maladie, la faculté de médecine et l’Ordre des médecins. Nous repérons les endroits où les médecins partent à la retraite dans l'optique d'y faciliter l'installation de Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP). Ce sont des établissements où médecins et professionnels de la santé travaillent ensemble. Cela réduit les coûts de fonctionnement et permet une meilleure coordination des soins. La Mairie facilite leur création en mettant des locaux à la disposition des soignants. Aujourd’hui, il existe 17 MSP à Toulouse et trois autres projets sont en préparation. Mon objectif est d’équiper tous les quartiers.
Il m’importe que notre parole soit honorée par les actes.
Peut-on affirmer que la vie des Toulousains est plus tranquille, que nos quartiers sont plus sûrs ?
Depuis 10 ans, notre mot d’ordre est d’occuper le terrain pour lutter contre le sentiment d’impunité. J'ai souhaité que la sécurité soit une priorité, nous avons donc considérablement renforcé les moyens. Nous avons doublé les effectifs de la Police municipale, déployé les patrouilles, jour et nuit, dans tous les quartiers, développé le système de vidéoprotection… Et les résultats sont là. Les caméras permettent d’interpeller davantage d’individus, la police municipale est beaucoup plus présente, plus réactive, mieux formée et je l'ai armée. Nous avons gagné en efficacité. Pour autant, il faut rester modeste parce que la société est de plus en plus violente. Face à ce phénomène, nous ne sommes pas restés les bras croisés.
Vous avez resserré les partenariats avec la Police nationale et la justice pour arriver à ces résultats ?
C'est la Police nationale qui, en France, est chargée de lutter contre la délinquance dure. Je me suis donc battu pour qu’elle ait davantage de moyens. J’ai multiplié les demandes auprès des gouvernements successifs et j'ai obtenu la création de 115 postes de policiers nationaux à Toulouse. La justice joue également un rôle clé, et j'agis pour un renforcement des moyens alloués aux tribunaux de notre ville.
Selon vous, une ville plus mobile, est-ce une ville sans voiture ?
Certains Toulousains n'ont pas la possibilité de se déplacer autrement qu’en voiture. La chasser serait exclure, notamment les plus modestes et ceux qui ont des difficultés à se mouvoir. Cette exclusion sociale heurte tous mes principes. L’objectif n’est pas d’interdire la voiture mais de réduire progressivement sa place, de créer des alternatives moins chères et moins polluantes. Nous incitons les Toulousains à acquérir des véhicules plus propres en leur proposant des primes, une aide financière qui n'avait jamais été mise en place ici auparavant. De fait, malgré l'augmentation de la population, la pollution a diminué à Toulouse. Ceci, grâce au remplacement du parc automobile et au développement des transports en commun. Nous avons lancé la construction d’une nouvelle ligne de métro, doublé la capacité de la ligne A, créé le téléphérique Téléo, amélioré la desserte du tramway vers l’aéroport, développé un réseau de superbus Linéo… Résultat : nos transports en commun atteignent un record de fréquentation.
Le vélo connaît un essor important. Qu’avez vous fait pour accompagner cette pratique ?
Effectivement, de nombreux citadins ont adopté le vélo. Nous sécurisons les itinéraires cyclables existants et en créons de nouveaux, dans la perspective d'un Réseau Express Vélo doté de 22 lignes continues sur l’ensemble de la métropole. Cela profite aux cyclistes, mais aussi aux piétons : un vélo qui se sent en sécurité sur sa piste ne roule pas sur le trottoir ! Afin de sécuriser piétons et cyclistes, nous avons limité la vitesse aux abords des écoles et dans 80% de nos rues. Nous avons aussi étendu le réseau de vélos en libre-service, VéloToulouse, avec une nouvelle offre de vélos électriques qui permet à davantage de personnes d'utiliser ce mode de déplacements.
La nature s’est beaucoup déployée en ville, notamment sur l’île du Ramier. Pourquoi ce projet ?
J’ai souhaité que les Toulousains disposent d’un poumon vert en plein coeur de Toulouse, facile d’accès, et qui puisse rafraîchir la ville. Avec le déménagement du parc des expositions près de l’aéroport de Blagnac, nous renaturons l’île du Ramier, nous avons enlevé le béton et planté des milliers d’arbres. Et j'ai voulu deux passerelles piétons-cycles pour y accéder sans emprunter sa voiture, que l’on vienne de la rive droite ou de la rive gauche. D’ici début 2026, j’inaugurerai un jardin public de plusieurs hectares, devant la piscine Nakache.
Quelles mesures avez-vous prises pour développer les services de proximité ?
La Mairie ne peut pas créer de services privés, mais elle peut faciliter leur installation en créant des conditions favorables et en dynamisant les Coeurs de quartier. Par exemple, nous avons réalisé les écoquartiers Guillaumet et Cartoucherie qui rassemblent logements, commerces, écoles, équipements culturels et sportifs, espaces verts… J’ai aussi voulu simplifier les démarches administratives des Toulousains en les regroupant dans des lieux uniques : les Maisons Toulouse Services. Huit ont été créées, réparties harmonieusement sur l'ensemble de la ville. Avec les Maires de quartier, nous avons multiplié les initiatives pour améliorer le cadre de vie des habitants. Les Toulousains ont d’ailleurs été sollicités pour exprimer ce qu’ils souhaitaient voir réaliser près de chez eux.
Qu’apporte la participation citoyenne à la collectivité ?
Elle est enrichissante. Les meilleurs experts de la vie de quartier, ce sont ceux qui y habitent. Nous avons donc créé le dispositif Mes idées pour mon quartier, ainsi que le site jeparticipe.metropole.toulouse.fr afin que tous les Toulousains puissent partager leurs idées sur des sujets de vie quotidienne. Ils ont été nombreux à répondre à ces invitations. Nous avons étudié la faisabilité des projets proposés, soumis au vote ceux qui étaient faisables et nous réalisons les idées choisies par les habitants.
Vous souhaitiez que les Toulousains aiment vivre à Toulouse. Selon vous, est-ce le cas ?
Oui, la qualité de vie a progressé. D’ailleurs, Toulouse figure, cette année encore, au premier rang des métropoles où il fait bon vivre. C’est une ville attractive où l’enjeu est de bien accueillir les nouveaux habitants, tout en préservant la qualité de vie de ceux qui y vivent déjà. Je me rends beaucoup sur le terrain à la rencontre des Toulousains et je suis fier de constater qu’ils aiment leur ville. Mais en tant qu’élu, je considère qu’un objectif atteint est une invitation à aller plus loin. Nous avons réalisé beaucoup de choses et nous devons poursuivre sur cette lancée pour offrir davantage de transports en commun, de place pour les piétons, de nature en ville, de services de proximité, de sécurité, d’accès à la santé… Pour améliorer la vie des Toulousains, il faut toujours aller plus loin. Pas question de verser dans l'autosatisfaction !
Un objectif atteint est une invitation à aller plus loin.
Quelles sont vos plus grandes fiertés, les projets emblématiques de ce mandat ?
D’abord, d’avoir lancé le chantier de la ligne C du métro. C'est un projet phare qui va considérablement améliorer la vie des Toulousains. Mon autre satisfaction, c’est la plantation de 100 000 arbres, entre 2020 et 2030, pour rafraîchir la ville et faire face aux dérèglements climatiques. Aucune grande ville n'a déroulé un projet aussi ambitieux, déjà concrétisé à 70%. Je suis également heureux d’avoir contribué à la valorisation du patrimoine naturel et historique de Toulouse avec l’avancement du Grand Parc Garonne, le démarrage du Grand Parc Canal, les rénovations de nos monuments historiques et l’embellissement de notre ville.