Des engagements, des réalisations

Entretien . Malgré les crises, la transformation de Toulouse se poursuit vaille que vaille. Priorités, participation citoyenne, projets emblématiques… Le Maire Jean-Luc Moudenc fait le bilan à mi-mandat.


Vers une ville toujours plus sûre, plus mobile et agréable à vivre

Les crises successives - sanitaire, géopolitique, énergétique, puis inflationniste - ont-elles modifié les priorités du mandat ?
Les priorités - la sécurité, la mobilité et la qualité de vie dans les quartiers - répondent à des besoins réels et ce sont nos engagements électoraux. Par conséquent, les crises successives n’ont nullement modifié notre trajectoire, mais nous avons dû les intégrer. Je mobilise mon expérience et la rigueur de gestion qui caractérise mon équipe pour faire face à ces crises. Nous avons su répondre à la crise sanitaire, aussi soudaine qu’imprévue, en organisant des vaccinodromes - dont le plus grand d’Europe, sur l’île du Ramier - et des centres de dépistage. La crise énergétique, elle, ne nous a pas pris de court. Depuis 2014, nous menons de nombreuses actions pour accélérer la transformation écologique de la ville et aller vers plus de sobriété énergétique. Comme nous avions déjà converti les deux tiers de l’éclairage public en LED – les diodes électroluminescentes permettent de diviser par deux la consommation énergétique – nous avons éteint très peu de rues le soir (moins de 2 %) et, ainsi, évité des problèmes d’insécurité, comme on a pu en déplorer dans d’autres villes. Nous maintenons nos priorités tout en réduisant notre consommation énergétique.

Face à la hausse du prix de l’énergie, quelles mesures ont été prises pour aider les Toulousains ?
Tout d’abord, nous aidons les habitants à réduire leur facture d’énergie. La prime éco-rénovation permet jusqu’à 8 500 euros d’économie sur les travaux d’isolation, l’installation d’une chaudière, etc. Depuis 2022, la Maison de l’énergie accompagne les particuliers et les professionnels dans leurs projets de rénovation. La hausse du prix de l’énergie ayant des répercussions plus générales sur le coût de la vie, nous soutenons aussi le pouvoir d’achat des Toulousains en leur proposant des services à prix avantageux : une mutuelle communale peu coûteuse pour les plus de 60 ans, des repas à 3,40 euros dans les restaurants seniors, une eau de qualité et moins chère que dans la plupart des autres grandes villes françaises, des tarifs stables dans les cantines…

Vous revendiquez l’écologie pragmatique et l’innovation pour combattre le climat de morosité. Comment cela se traduit-il ?
L’écologie que je pratique n’est pas une idéologie, elle se traduit par des réalisations concrètes et ambitieuses. Des exemples ? En 2028, il y aura 90 000 véhicules en moins chaque jour sur les routes grâce à la ligne C du métro. Depuis 2020, nous avons installé à l’Oncopole la plus grande centrale solaire urbaine de France, ses 35 000 panneaux produisent chaque année l’équivalent de la consommation électrique de plus de 4 000 foyers. Nous avons aussi développé ici plus qu’ailleurs un réseau de chaleur : l’énergie produite par la combustion des déchets est utilisée pour chauffer des logements, hôpitaux, universités, entreprises… Nous avons inauguré Téléo, le plus long téléphérique urbain de France, qui a déjà transporté 1,3 million de passagers. 100 000 arbres seront plantés à Toulouse entre 2020 et 2030. Nous faisons souvent bien plus que les autres grandes villes. Cette réussite m’encourage à aller plus loin.

Nous aidons les habitants à réduire leur facture énergétique et soutenons leur pouvoir d’achat.

Comment adaptez-vous la Zone à faibles émissions (ZFE) à l’échelle de Toulouse ?
Rappelons que 48 000 personnes meurent chaque année en France à cause de la pollution de l’air. La ZFE est un dispositif de santé publique, imposé par l’État et l’Europe, pour lutter contre cette pollution atmosphérique. Il existe dans d’autres pays depuis un quart de siècle et a prouvé son efficacité. Pour autant, je considère que les modalités définies par l’État mettent en difficulté les plus modestes et doivent être améliorées. Je souhaite des ZFE plus sociales. Avec les Maires des autres grandes villes, nous nous battons pour obtenir de nouvelles règles et des aides supplémentaires de la part de l’État. J’ai accepté de participer à un travail national pour faire des propositions au gouvernement. Sans attendre, j’ai fait voter dès 2020 à Toulouse une batterie d’aides financières pour aider les personnes et les entreprises à acquérir un véhicule moins polluant et, depuis janvier 2023, un pass ZFE gratuit autorise la circulation des véhicules interdits dans la limite de 52 jours par an pour ne pas pénaliser les rouleurs occasionnels. D’autres métropoles ont retenu cette idée mais avec moins de jours.

Vous avez consulté les habitants pour faire émerger des projets près de chez eux. Un succès ?
Jamais une municipalité toulousaine n’avait lancé une opération de participation citoyenne de cette ampleur. Avec « Mes idées pour mon quartier », nous avons recueilli 1 600 idées. Les participants ont ensuite sélectionné 83 projets dont 85 % d’entre eux sont à connotation écologique. Ils seront mis en place d’ici à 2024. L’ensemble bénéficie d’une enveloppe de 8 millions d’euros, un record pour un budget participatif à Toulouse. Les citoyens sont acteurs de la démocratie lorsqu’ils déposent leur bulletin de vote dans l’urne municipale, mais aussi durant les six années du mandat. C’est pourquoi, avec les Maires de quartier, nous avons renforcé les dispositifs de démocratie locale. Pour autant, je reste attaché au principe de la démocratie représentative. Il appartient aux élus de prendre des décisions allant dans le sens de l’intérêt général, même si tout le monde n’est pas d’accord.

La sécurité fait partie de vos priorités. Considérez-vous que Toulouse est devenue plus sûre ?
Je considère que Toulouse s’est donné les moyens d’être plus sûre. Pour autant, des problèmes subsistent ; c’est pourquoi je suis déterminé à mettre davantage de moyens. Lorsque j’ai été élu en 2014, il y avait 150 policiers municipaux. Aujourd’hui, il y en a 370, il y en aura 430 à la fin de l’année 2024. Toujours en 2014, il y avait 21 caméras de vidéoprotection sur la voie publique. Aujourd’hui il y en a 522. Courant 2023 et 2024, nous installerons 1 392 caméras à l’intérieur des rames des lignes A et B du métro ; la ligne C en sera totalement équipée dès sa mise en service. La délinquance dure ne relève pas de la police municipale mais de la police nationale, placée sous l’autorité du préfet. J’ai donc multiplié les démarches auprès du gouvernement pour obtenir des effectifs supplémentaires au début du mandat. Toulouse compte aujourd’hui 94 policiers nationaux de plus, ils seront bientôt 111. J’ai informé la première ministre que j’allais en demander davantage. Il est également important de donner plus de moyens à la justice toulousaine. Là aussi, j’ai demandé à l’État davantage de magistrats, juges, greffiers, personnel administratif… Des renforts ont d’ailleurs récemment été annoncés. Ce n’est qu’un début mais il est encourageant.

L’écologie que je pratique se traduit par des réalisations concrètes.

Quelles réalisations marqueront la fin du mandat ?
En 2026, le chantier de la ligne C du métro sera bien avancé. Ce projet va changer le quotidien de nombreux habitants puisqu’on estime qu’il y aura près de 200 000 voyageurs par jour. Toutes ces personnes passeront moins de temps dans les déplacements, pollueront moins et gagneront en qualité de vie. La ville offrira un visage plus apaisé, elle sera plus accueillante pour les piétons et les vélos grâce à l’aménagement de grands axes emblématiques : la rue de Metz, la grande rue Saint-Michel, la rue de la République, l’axe entre le pont Saint-Pierre et la place Saint Sernin… Certains quartiers seront métamorphosés, comme le Grand Matabiau quais d’Oc et l’écoquartier de la Cartoucherie. Nous aurons également progressé dans le renouvellement urbain du grand Mirail, d’Empalot, des Trois Cocus… La nature sera plus présente dans les quartiers, la ville sera plus fraîche, plus ombragée grâce aux nouveaux arbres plantés, et plus supportable en été. Le réseau cyclable sera fortement développé puisque nous avons doublé le budget consacré au vélo. Les Toulousains pourront profiter de la nouvelle île du Ramier, en grande partie renaturée, accessible depuis les deux rives de la Garonne par deux passerelles pour les piétons et les vélos. Enfin, les Toulousains verront le début des transformations prévues le long du canal du Midi, du canal de Brienne et du canal latéral.