Toulouse libérée !

19 août 1944 au matin. Il fait encore nuit à Toulouse.
Depuis plusieurs jours, la ville frémit d’une attente silencieuse. Des explosions se font entendre quartier Saint-Cyprien et autour des lieux de cantonnement allemands. Elles annoncent le début de la libération de la Ville rose.


Les barricades de la rue Matabiau.

Craignant d’être encerclée après le débarquement du 15 août en Provence, l’armée allemande se prépare ce 19 août au matin à quitter la Ville rose. Les Allemands réquisitionnent des véhicules : voitures, camions et même vélos. Dès 6 heures du matin, les premières colonnes s’ébranlent. Derrière elles, les archives du Consulat d’Allemagne et de la Gestapo brûlent. Pour couvrir leur retraite, les troupes allemandes procèdent à la destruction systématique des infrastructures clés : 32 wagons de munition sont dynamités à Blagnac, tandis que les installations téléphoniques et télégraphiques de la Grande Poste et de la place Saint-Aubin sont sabotées. Des incendies ravagent plusieurs immeubles dont les magasins généraux, l’école primaire supérieure de jeunes filles à Saint-Aubin, le siège de la Gestapo, rue Maignac… À Francazal comme à Blagnac, les casernes se vident. 15h. Les premiers combats insurrectionnels commencent. Des groupes de résistants attaquent les colonnes allemandes à Saint- Cyprien, à Arnaud-Bernard, avenue des Minimes... Tramways, barriques ou encore pavés sont placés en travers des rues. L’un des accrochages les plus durs a lieu Gare Matabiau, centre névralgique de la ville. Dès le milieu d’après-midi, le drapeau tricolore frappé de la croix de Lorraine flotte au fronton de la gare, même s’il faut attendre 19h pour qu’elle soit pleinement libérée.


Le central téléphonique de la direction régionale des PTT détruit par les troupes allemandes en fuite.

JEAN DIEUZAIDE. 1944. IMAGES DU GRAND SUD LIBÉRÉ

Pour le 80e anniversaire de la Libération, la Mairie de Toulouse met à l’honneur un grand témoin des événements du 19 août 1944 : Jean Dieuzaide. Le jeune photographe intrépide capte cet instant de bascule décisif pour la ville, le pays, et aussi pour le futur « Yan » qui se lance dans la carrière de photographe et va sillonner le Grand Sud de la France libérée.
Expo photos à voir dans Toulouse du 19 août au 15 septembre. Infos : metropole.toulouse.fr


Les Toulousains et Toulousaines détruisent la signalétique allemande, notamment celles du "Soldatenheim" (Foyer du soldat) situé place Wilson, et de la "Platzkommandantur" située à l'hôtel de l'Ours Blanc.

VICTOIRE !

Toute la nuit du 19 au 20 août, et encore dans la journée qui suit, les résistants tiennent les rues et les routes de Toulouse pour empêcher que les colonnes allemandes venant des départements voisins fassent retraite par la Ville rose. Au soir du 20 août, des unités appelées en renfort par la Résistance entrent dans la ville. Désormais, celle-ci est entièrement sous son contrôle. Quelques miliciens continueront de se battre dans les jours qui suivent mais dès le 20 août, l’annonce est faite : Toulouse est libérée. Une victoire douce-amère qui aura coûté la vie à 35 résistants, et donné à la rue Maignac, à proximité du Jardin des plantes, le nom de rue des Martyrs de la Libération.

[...] Jamais Toulouse n’a cru la défaite acquise, jamais Toulouse n’a cru que la France était perdue, jamais Toulouse n’a renoncé [...] ”
Discours du Général de Gaulle à Toulouse le 16 septembre 1944, place du Capitole.

EN IMAGES

De ces deux journées libératoires qu’on baptisera plus tard « les deux glorieuses de Toulouse », ne sont parvenues jusqu’à nous que quelques images, notamment celles capturées par le jeune photographe toulousain Jean Dieuzaide. Surpris le 19 août par une foule suspicieuse en train de prendre des photos d’un bâtiment de la Waffen SS en flammes rue d’Alsace-Lorraine, il ne doit la vie qu’à l’intervention d’un soldat casqué, brassard des Forces françaises de l'intérieur (F.F.I.) au bras. Ses pellicules sont malheureusement détruites. C’est à un trou dans ses poches par lequel certaines bobines sont tombées que l’on doit le reportage qu’il put faire de cette journée.

Un groupe de personnes lève le bras en faisant le signe de la victoire
Photographie de Jean Dieuzaide

QUELLE FEMME PHOTOGRAPHE A COUVERT EN MÊME TEMPS QUE JEAN DIEUZAIDE LA LIBÉRATION DE TOULOUSE ?

Carte de correspondant de Madame Chaumel, photographe, datant du 25 mai 1938.

Mon album de photographies, éd. Daniel Briand, 1998 ;
Le Musée départemental de la Résistance & de la Déportation de Toulouse.

Direction : L'agence evelyne ; Texte : Marie Grivot ;
Illustrations : Célia Gazal ; Merci à la Direction du Patrimoine.

Sources et Bibliographie : Ville de Toulouse, Bulletin Municipal, Numéro Spécial Libération, 1944 ; Michel Goubet, La résistance et les années noires à Toulouse et en Haute-Garonne 1940-1944, CRDP Midi-Pyrénées, 2004 ; Charles Mouly, Toulouse 1944-1969, Jean Dieuzaide,