Les Augustins, en perpétuelle métamorphose

Plus ancien musée de Toulouse, et deuxième de France, le musée des Augustins est installé dans un ancien couvent du XIVe siècle. Il raconte autant l’histoire des collections que celle des multiples usages de ses salles, cloîtres et galeries.

Édifié à partir de 1310, l'ancien couvent gothique des ermites de Saint-Augustin devient bien national en 1789 et est désaffecté l'année suivante. En 1793, le Conseil départemental décide d'y fonder un « Muséum du Midi de la République ». L'église accueille alors les premiers objets saisis : antiques, sculptures médiévales, toiles modernes... Le lieu, alors sombre et humide, est peu adapté à l'exposition des œuvres. Toutefois, il demeure un musée pionnier par son antériorité. Il ouvre en 1795, juste après le Louvre. Dès 1804, l'École des Beaux-Arts s'installe aussi dans les lieux, investissant notamment le petit cloître. Les Augustins deviennent ainsi un lieu hybride, à la fois musée et école, où se croisent étudiants et visiteurs.

Le XIXe siècle : agrandir et transformer

L’accroissement des collections impose de nouveaux aménagements. À partir de 1828, les ailes du cloître sont investies pour exposer les sculptures médiévales et antiques. Entre 1831 et 1833, l’église change de visage : plancher surélevé, palissades et voûte en plein cintre masquent son caractère religieux et transforment le lieu en « Temple des Arts ». En 1868, le grand réfectoire, loué un temps comme écuries, est détruit. L’aile XIXe s’élève alors sur les plans de Viollet-le-Duc, poursuivis et complétés par Denis Darcy. Les entrées se déplacent aussi : rue Antonin-Mercier d’abord, rue de Metz au XIXe ensuite, une autre sur le pavillon d’honneur situé au croisement des rues d’Alsace-Lorraine et de Metz. L’École des Beaux-Arts quitte les lieux en 1895. L’aile Sud est détruite et fait place à un jardin. Les galeries créées au-dessus des toitures du cloître sont déposées.

Restauration et modernisation

Au XXe siècle, dans les années 1950-1970, sous l’impulsion des conservateurs successifs et d’architectes des Monuments Historiques, le couvent est rénové, le « Temple des Arts » disparaît, l’église, les salles gothiques, le petit cloître sont restaurés, et une nouvelle entrée est aménagée sur la rue de Metz. D’autres chantiers suivront dans les années 80, dont l’ajout d’un orgue et d’un nouvel espace d’exposition. Dans le même temps, les collections se spécialisent et certaines migrent vers d’autres établissements : antiquités au musée Saint-Raymond, arts décoratifs au musée Paul-Dupuy, art contemporain aux Abattoirs. Les Augustins conservent des collections exceptionnelles composées notamment de sculptures médiévales, de tableaux de très grand format des XVIIe et XVIIIe siècles, et d’un remarquable ensemble de peintures et de sculptures du XIXe siècle.

Quel usage inattendu a connu le pavillon d’honneur des Augustins dans les années 1990 ?

Il a brièvement accueilli un bureau de poste, avant de retrouver sa vocation muséale.

Usages et espaces de l'ancien couvent des Augustins (*)

  1. L'église, désacralisée puis réaménagée à partir de 1831 pour devenir le Temple des Arts ;
  2. Grand cloître, dont une partie des galeries furent surélevées et ont été occupées par l'école des Beaux-Arts, puis remises à leur état d'origine lors des travaux à la fin du XIXe siècle ;
  3. Petit cloître ;
  4. Galerie du grand cloître et chapelles (dont la plupart ont été détruites) ;
  5. Grand réfectoire et grand dortoir (démoli en 1868) devenu le bâtiment Darcy construit entre 1880 et 1901 ;
  6. Bibliothèque et petit dortoir ;
  7. Grand jardin potager, aujourd'hui remplacé par la rue Alsace-Lorraine, ouverte entre 1869 et 1873.

(*) D'après les gravures et plans de l'ancien couvent des Augustins réalisés par Joachim Séguenot en 1653.

Un nouveau chapitre au XXIe siècle

Aujourd’hui, le musée vit une nouvelle étape : travaux d’accessibilité, réfection des verrières, nouveau pavillon d’accueil signé Aires Mateus (agence d'architecture portugaise), rénovation du cloître dont les colonnes et les chapiteaux… Fermé depuis 2019, il rouvre fin 2025.

Bibliographie et sources :

Le site du musée des Augustins augustins.toulouse.fr ;
Daniel Cazes, l’ancien réfectoire des Grands-Augustins de Toulouse, Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, Tome LXXIX - 2019 ;

Direction : L'agence evelyne ; Texte : Marie Grivot ; Illustrations : Célia Gazal ; Merci à Caroline Latour du Musée des Augustins ; Merci à la Direction du Patrimoine.