Rafraîchir la ville

La canicule de l’été 2022 a marqué les esprits et secoué les consciences. Comment anticiper les prochaines chaleurs ? En plus de lutter contre les causes du changement climatique, la Mairie de Toulouse a défini plusieurs actions pour rafraîchir la ville, dès cet été.

+ 2,1 degrés à Toulouse*. Si 2022 a été l’année la plus chaude jamais mesurée en France, c’est dans la ville rose que les températures ont le plus augmenté et où les pluies ont le plus diminué (-57 %)*. Sécheresse, vagues de chaleur prolongées, orages violents… Selon Météo France, « 2022 est un symptôme du changement climatique en France » et ses manifestations pourraient devenir la norme en 2050. Conséquences ? Pénurie d’eau, mortalité due aux canicules, risques accrus d’incendies et d’inondations, chute des récoltes agricoles et augmentation du prix des denrées alimentaires, destruction et déséquilibre de la faune et la flore, prolifération d’espèces exotiques comme le moustique tigre et transmission de maladies… Denses, minérales, polluées, au carrefour de multiples activités, les grandes villes françaises sont particulièrement vulnérables aux températures élevées. L’urgence est donc de trouver des solutions pour rafraîchir les zones urbaines. À Toulouse, la Mairie a défini une vingtaine d’actions, à court et moyen terme, pour rafraîchir la ville. Maîtres mots ? Végétaliser, ombrager, repenser l’urbanisme et se déplacer autrement (lire pages 18 et 19).

Des actions dès cet été

Des solutions seront à l'oeuvre dès cet été. Ainsi, la place du Capitole accueillera des arbres en pots et sera ombragée. Des îlots de fraîcheur seront aménagés dans les coeurs de quartier avec l’installation de pergolas, voiles, ombrières… Toulouse Plages va se doter d’une nouvelle structure de jeux d'eau pour les enfants, tandis qu’une base nautique verra le jour au lac de la Reynerie avec des jeux d’eau, bassins, fontaines, bateaux et sports nautiques. Afin de protéger les personnes les plus fragiles, les crèches, les écoles et les établissements accueillant des personnes âgées seront équipés de voiles d’ombrage et de brasseurs d’air. En cas de canicule, de nouvelles règles entreront en vigueur pour que chacun puisse accéder à des espaces frais et pour limiter la hausse des températures : un ticket Planète sera mis en place dans les transports en commun, les horaires d’ouverture seront élargis dans les piscines, jardins, musées, bibliothèques, cimetières, bases de loisirs… Les expérimentations testées durant l’été seront analysées en automne. Les résultats permettront de bâtir un plan d’actions pour 2024-2030 afin d'aller plus loin. Parmi les pistes explorées : des règles d’urbanisme favorisant la construction de bâtiments bioclimatiques, la création d’une pépinière de grands arbres, l’installation d’ombrières, sur les parkings…

 

* selon le bilan climatique de l’année 2022 dressé par Météo France, et par rapport aux normales enregistrées entre 1991 et 2020.

« Jusqu’à 6 degrés de différence entre ville et campagne »


Guillaume Dumas

Climatologue, ingénieur de recherches au CNRS, en prestation de recherche pour Toulouse Métropole

Où se concentre la chaleur, l’été, à Toulouse ?
Place du Capitole, rue d’Alsace-Lorraine, à Marengo… Soit dans le centre-ville, mais aussi dans les faubourgs. On appelle ces endroits des îlots de chaleur urbains. Les températures y sont plus élevées qu’ailleurs et plus longtemps, de jour, mais surtout de nuit. Pour étudier ce phénomène, Météo France et Toulouse Métropole - assistée par le monde de la recherche - ont installé des dizaines de stations météo dans les quartiers de Toulouse et certaines communes de la métropole.

Que vous ont appris ces stations météo ?
En période de canicule, on a enregistré entre 4 et 6 degrés de différence entre un îlot de chaleur urbain et une zone de campagne (entre le quartier des Carmes et la forêt de Bouconne, par exemple). Nous avons identifié les facteurs qui favorisent ce phénomène : la minéralisation excessive, une faible présence de végétation et d’eau, l’usage du chauffage et de la climatisation, la concentration des activités humaines, la forme des bâtiments qui empêche la circulation de l’air et limite l’ombrage, la circulation intensive de véhicules à moteur…

Ce phénomène est-il inéluctable en ville ?
Non. Voyez la rue Croix-Baragnon par exemple. Elle a beau être en plein centre-ville, sa configuration médiévale lui permet de conserver la fraîcheur. L’étroitesse de la rue garantit une ombre continue, l’exposition est-ouest assure la circulation d’une brise, la présence d’un square végétalisé rafraîchit le quartier par évapotranspiration… On peut limiter la chaleur en ville à condition d’agir sur plusieurs leviers en même temps : construire des bâtiments bioclimatiques, développer les espaces verts, travailler l’ombrage, repenser le choix des matériaux et des couleurs… Autre élément important : la gestion de l’eau. Toulouse Métropole a engagé un gros travail autour de cette question afin de mieux stocker l’eau, éviter les déperditions et désimperméabiliser les sols.

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