Julie Batut Émerveilleuse scientifique

Scientifique reconnue, Julie Batut combine mathématiques et biologie pour mener ses recherches au centre de biologie intégrative (CBI). Tout en donnant son temps sans compter pour promouvoir une science multidisciplinaire et ouverte à tous.

  • 2017 - 1er modèle mathématique
  • 2024 - Directrice de recherche au CNRS
  • 2024 - Prix Fermat de l’académie du Languedoc

Elle s’inquiétait de paraître seule sur la photo qui accompagne ce portrait. C’est que Julie Batut croit dur comme fer en la force de l’équipe. Et en celle de la famille. Solidement ancrée dans son territoire toulousain d’origine, elle a d’abord voulu faire médecine pour suivre les traces de sa mère, longtemps urgentiste-anesthésiste au SAMU et très impliquée dans la médecine de secours en montagne. Son parcours l’a finalement menée en biologie, où elle s’est créé une seconde famille, « une famille de science », sourit-elle. Il faut dire que les échanges avec les professeurs y ont été déterminants : « Ils m’ont notamment révélé l’intérêt de l’embryologie et la rencontre avec la cellule oeuf a été pour moi une révélation », explique-t-elle. La rencontre avec la cellule oeuf ? « Oui ! J’ai découvert cette structure microscopique à la base de la reproduction de tout être vivant et totipotente », s’enthousiasme la chercheuse. En d’autres mots, une cellule aux supers pouvoirs, capable de donner naissance à un organisme entier en se divisant pour donner de la peau, du muscle, de l’os… Et plus encore que les extraordinaires capacités des cellules, c’est leur design, ce « grand plan » selon lequel elles interagissent qui a passionné Julie Batut et sur lequel elle axe ses recherches aujourd’hui.

Ambassadrice des sciences

Grâce notamment aux mathématiques, la biologiste étudie la ronde des cellules chez le poisson-zèbre. « Je travaille sur la construction de l’organe olfactif, qui permet l’odorat, détaille-telle. Comment les neurones qui le composent naissent et communiquent entre eux ? » Une démarche de science fondamentale qui permet de comprendre le fonctionnement d’un organe pour mieux nous rendre capable de le réparer ensuite. Par exemple, dans le cas d’une prolifération anarchique de ces cellules qui peuvent aboutir à un cancer. « Comme un plombier aurait besoin d’un plan des canalisations pour réparer une fuite. Et si j’utilise l’embryon de poisson zèbre, c’est pour son développement rapide et sa transparence qui le rend facilement lisible. » Intarissable, Julie Batut pourrait parler de ses travaux pendant des heures. Et c’est d’ailleurs ce qu’elle fait au travers de ses nombreuses implications dans des associations de diffusion des sciences au plus grand nombre, et notamment les publics les plus éloignés. « Je trouve la science merveilleuse et je suis très attachée à la partager : je fais partie de l’association de culture populaire Les Chemins buissonniers et aussi de Maths en scène » qui veut montrer que « la bosse des maths n’existe pas ! » et que cette discipline est partout dans notre quotidien : « dans l’algorithme de reconnaissance vocale de notre téléphone, dans le tournesol ou le coquillage dont la forme s’explique par des équations… » Avec Femmes & Sciences, elle mène aussi un combat de longue date pour rendre les femmes scientifiques visibles, afin que « la seule barrière que ces chercheuses rencontrent soit celle de la compétence ». Aussi multiforme et totipotente que les cellules qu’elle étudie, Julie Batut revendique une « énergie foisonnante » – généreuse et communicative – et qu’elle n’a pas fini de mettre au service d’une science multidisciplinaire et inclusive.

Verbatim

« La seule barrière que les chercheuses devraient rencontrer est celle de la compétence. »