Christian Caujolle

Grand Angle

Depuis le 1er janvier, Christian Caujolle est conseiller artistique du Château d’Eau. Cette pointure dans le milieu de la photo est investi d’une mission : redonner à la galerie toute sa place dans le rayonnement de la photographie toulousaine.

Ce bonhomme est tout simplement un monument dans le monde de la photo. 40 ans de métier. Un parcours riche fait d’engagements multiples à travers le monde. Une reconnaissance internationale. À 67 ans, toujours très actif, il navigue entre Paris et le Cambodge. Courtois, disponible, il plonge volontiers dans ses souvenirs pour raconter son parcours et, en filigrane, nous livrer quelques instantanés de l’histoire de la photo. Originaire d’Ariège, il étudie à Saint-Sernin et Fermat jusqu’en 1974, avant de partir à « Normale Sup’ » à Paris. Le déclic se produit quand il rencontre Jean Dieuzaide, fondateur de la galerie du Château d’Eau en 1974. « Yan » ouvre le littéraire à cet univers artistique. En 81, rédacteur en chef de Libération chargé de la photo, il renouvelle totalement le genre, faisant travailler de jeunes photographes. La photo marquera durablement l’identité du journal. Il fonde l’agence VU en 1986 puis la galerie du même nom en 1998. Il dirige différents événements photo dans le monde et crée le festival de Phnom Penh en 2008 – il cultive un lien fort au Cambodge. Il accompagne des centaines de photographes, organise de nombreuses expositions et signe plusieurs ouvrages. La galerie du Château d’Eau, un retour aux sources ? « Attaché à cette maison, un peu nostalgique », il n’avait pourtant « jamais imaginé ça », lui qui n’est pas dans « l’institutionnel ». Il souligne « l’importance historique du lieu », première galerie municipale dédiée à la photo, devant Paris à l’époque. « Dieuzaide était un précurseur. Il a exposé très tôt des photographes internationaux, notamment des Japonais que personne ne connaissait », rappelle le nouveau conseiller artistique, passionné par la scène asiatique.

Au premier plan

Assoiffé de découvertes, il mettra sa « curiosité inépuisable » au service de la galerie pour « permettre au public de découvrir ». Il imagine « des clins d’oeil à l’histoire » mais surtout des expositions de « gens vivants » ; à travers une programmation « forcément internationale », sans oublier la France et la région. Christian Caujolle est très attendu. Il arrive à un carrefour de la vie de la galerie, après une période de tourments et un retour de la structure en gestion directe par la Mairie. Celle-ci missionne aujourd’hui ce pape de la photo pour remettre Toulouse au premier plan de la photo internationale. Les acteurs locaux de la photo se réjouissent de sa nomination. Tous espèrent que le Château d’Eau redeviendra la locomotive de la photo à Toulouse. À l’écoute, il souligne la richesse de la scène toulousaine – deux festivals, une résidence d'artiste, un centre culturel – et de la culture locale avec La Cinémathèque, les Abattoirs, le musée George-Labit, notamment. Sa perspective : « créer des liens, fédérer autour d’un projet commun, faire circuler les publics… ».

Une curiosité inépuisable au service du Château d'Eau