La cour Henri IV, entre histoire et symboles

Au coeur du Capitole se cache un joyau architectural et historique : la cour Henri IV. Bien que la façade actuelle de la « maison commune » des Toulousains ait été refaite en 1750 par Guillaume Cammas, cette cour, datant du début du XVIIe siècle, conserve des traces d’une histoire bien plus ancienne.


Image : Vue Est de la cour Henri IV (1601-1607), face au portail sculpté par Nicolas Bachelier (1564)

Quand et par quoi a été temporairement remplacée la statue d’Henri IV ?

Lors de la Révolution, c’est une allégorie de la Liberté, sculptée par François Lucas, qui fut installée en lieu et place d’Henri IV. Réinstallée en 1808, la statue d’Henri IV, très dégradée lors de la Révolution, fit l’objet d’une restauration conséquente à cette occasion.

Attention où vous mettez les pieds !

Le lieu d’une exécution célèbre

Au sol, au centre de la cour Henri IV, une plaque commémore l’exécution de Henri II de Montmorency, duc de Montmorency, qui fut décapité sur ordre de Richelieu en 1632. Ce drame marqua un tournant dans l’histoire de la ville et de la cour.

Renaissance tardive

Construite entre 1601 et 1607 sous la supervision de l'architecte Pierre Souffron, la cour Henri IV illustre le style élégant de la Renaissance tardive. De forme rectangulaire, elle est bordée de deux galeries composées de dix arches. L'association alternée de la brique et de la pierre confère une luminosité remarquable à cet ensemble, déclaré Monument historique depuis 1840.


Image : Rue neuve de l'Hôtel de ville Future Place Royale (pl. du Capitole)

La cour Henri IV s'intègre au patchwork architectural du Capitole du XVIIe et XVIIIe siècles.

Henri IV

Face à l’entrée, un majestueux portail ferme la cour à son autre extrémité. Sculpté par Nicolas Bachelier en 1564, il est surmonté d’une statue d'Henri IV 1 en marbre polychrome, réalisée en 1607 par Thomas Heurtematte. Si cette cour porte son nom et arbore son effigie, c’est pour le remercier de son soutien aux Capitouls face aux parlementaires qui leur refusaient des travaux d’embellissement du Capitole, ainsi que la mise en valeur de leurs armoiries sur l’édifice.

Armoiries

D’autres symboles historiques parsèment le lieu. Les armoiries des familles consulaires 3, visibles sur le sol et sur les colonnes de la cour, rappellent le rôle des familles influentes de Toulouse qui ont marqué l'histoire de la ville à travers leur fonction de Capitouls. Une grande campagne de restauration menée à la fin du XIXe siècle rendit d’ailleurs au lieu une grande part de son authenticité en supprimant l’enduit qui cachait la pierre et en recréant certains éléments dont ces armoiries capitulaires.

Dédicaces capitulaires

Récemment rénovées, des dédicaces capitulaires en latin rendent également hommage à Henri IV et au dauphin, le futur Louis XIII. Apposées sur la galerie nord, elles évoquent aussi bien le contexte politique que les réalisations des Capitouls. Ainsi, sous la statue d’Henri IV, un éloge funèbre au monarque 2, assassiné le 14 mai 1610 : “Vivant, le peuple entier l'aima. Il le pleura quand il fut enlevé. La postérité ne cessera de l'aimer d'un amour pieux.” Ces huit plaques en marbre noir s'étaient usées et leurs inscriptions s'effaçaient. La Mairie les a restaurées, nettoyées et réécrites à la feuille d'or.

Un lieu symbolique

L'inscription 4 ajoutée en 1771 au-dessus du blason de la ville met en lumière la fonction symbolique de la cour : “Ici Thémis donne la loi aux citoyens, Apollon les fleurs aux poètes, Minerve les palmes aux artistes.

Bibliographie et sources : Henri Ramet, Le Capitole et le Parlement de Toulouse, Regionalismes Eds, 2015 ; Sébastien Vaissière, Jacques Sierpinski, Visite au Capitole, éditions Loubatières, 2006 ; Dominique Baudis, Le Capitole de Toulouse, éd. Daniel Briand, 1988 ; J.M. Cayla et Cleobule Paul, Toulouse monumentale et pittoresque, Les éditions du bastion, 1983.

Direction : L'agence evelyne ; Texte : Marie Grivot ; Illustrations : Célia Gazal ; Merci à la Direction du Patrimoine.