Martine Ferrage figure du grand marché

Rencontre avec Martine Ferrage, présidente de la société Prim Jem, seule femme grossiste indépendante en France.
6h du matin au Grand Marché (marché d’intérêt national Toulouse Occitanie). Le carreau de la société Prim Jem est en pleine effervescence. Les acheteurs se pressent pour choisir les fruits et légumes qui rejoindront dans quelques heures les rayons de leurs magasins primeur ou les cuisines de leurs restaurants. Prim Jem a ses habitués. À l’origine de ce succès : la personnalité de sa présidente, Martine Ferrage. « Cela fait 32 ans que j’arpente les allées du Grand Marché et je connais toute la chaîne. Durant 25 ans, j’ai exercé avec mon frère dans le commerce de détail avant de reprendre la gestion de cette case. » Seule femme grossiste indépendante en France, elle est également depuis 2017 présidente du comité technique des usagers du Marché. « Avec 5 000 acheteurs quotidiens, Toulouse est le 2e marché de France après Rungis, précise Martine. Il nourrit plus d’un million et demi de personnes ». La fierté de contribuer à cette tâche se lit dans ses yeux. « La grande halle des fruits et légumes, c’est la colonne vertébrale du marché. Pas de routine, la marchandise change au fil des saisons », ajoute celle qui a fait le choix exigeant de vendre des produits locaux à 90 %. « Je connais les producteurs et la qualité de leurs produits et j’ai une spécialité, précise-t-elle dans un grand sourire gourmand. Ce sont les plantes aromatiques : je propose 17 références, du thym citronné au basilic pourpre en passant par l’origan et la sarriette. Ce métier demande une mémoire de dingue et, surtout, d’être lève-tôt ! Le travail au marché commence à 2 h 45. Les marchandises arrivent, nous contrôlons, nous mettons en place et, à 4 h 30, la cloche sonne pour la vente qui se poursuit jusqu’à 6 heures. Un second travail commence alors : le rangement, le stock et les commandes pour le lendemain. » 
À 8 h, Martine et ses 5 collaborateurs – 4 d’entre-eux sont des femmes – s’octroient une petite pause pour déjeuner. La bienveillance préside aux destinées de l’entreprise familiale Prim Jem dont le nom est particulièrement évocateur. « Jem c’est le nom de mon cavalier King Charles, mon mari s’appelle Jean-Claude, ma fille Emma, le M c’est pour moi ! Je reste confiante en l’avenir même si je suis assez inquiète quant à notre capacité à conserver ce qui nous reste de souveraineté alimentaire. Serons-nous capables de nourrir toute la population ? Mon objectif : transmettre aux jeunes. Ce sont eux les garants de la suite. Je veux leur donner envie de faire ce métier et surtout de l’aimer. C’est la meilleure façon de s’épanouir. »

Serons-nous capables de nourrir toute la population ?