Toulouse se transforme

Passerelles sur la Garonne, mise en valeur des bords du fleuve, végétalisation, restauration du patrimoine, ravalement des façades, embellissement des rues du centre-ville, transformation des quartiers prioritaires, renforcement des équipements publics et création de nouveaux quartiers… la métamorphose de Toulouse s’accélère ! La liste des réalisations de ces dix dernières années est longue. Jean-Luc Moudenc, Maire de Toulouse, Président de Toulouse Métropole, revient sur dix ans de transformation urbaine. 


Toulouse vient de franchir la barre des 500 000 habitants ! Que vous inspire ce chiffre ? 
C’est d’abord un signe de bonne santé. Nous vivons, depuis un quart de siècle, une période de prospérité qui, par son ampleur et sa durée, est inédite dans l’histoire de Toulouse. C’est incontestablement positif. Cependant, cette croissance pose aussi beaucoup de défis à relever. Tout le travail de l’équipe municipale et métropolitaine consiste à veiller à ce que cette métropole ne devienne pas une mégapole, en concentrant nos efforts sur la qualité de la vie des habitants. Ma priorité est de façonner une ville agréable, facile à vivre, apaisée, végétalisée et sûre.
 


Ma conviction, depuis toujours, c'est qu'il faut raisonner à l’échelle du quartier

Quel regard portez-vous sur ces 10 ans de mutations ? 
Face à la croissance de la population, notre réponse doit être globale et cohérente sur la métropole mais partir du quartier, de manière à épouser le quotidien des habitants et à développer des projets avec eux, pour rendre leur vie plus agréable. Ma conviction, depuis toujours, c'est qu'il faut raisonner à l’échelle du quartier. Je suis très attentif à ce que cette dimension humaine représentée par le quartier perdure. Cette conception a été traduite dans le Manifeste pour un projet urbain puis déclinée dans les Cahiers toulousains pour une vision par grand quartier.
Comment cette approche par quartier se traduitelle sur le terrain ?
Notre approche consiste à respecter l’identité des quartiers pour concevoir leur évolution. Il ne s’agit pas d’uniformiser la ville pour envisager les transformations. Il y a des quartiers que l’on recompose, tels que la Cartoucherie, ancien site industriel qui est devenu un quartier vivant avec des logements, des commerces, une place centrale à l’image d’une place de village, et qui continue à se développer (lire en pages 18-19). À Malepère, dernier quartier rural de Toulouse, des logements sortent de terre mais nous veillons à ce que la nature reste très présente. Les quartiers de faubourg, tels que Bonnefoy, les Minimes, Saint-Michel, Saint-Exupéry, ont leur caractère bien à eux. Ici, il s’agit de respecter la trame urbaine mais de l’adapter pour permettre l’accueil de nouveaux habitants et de végétation. Par exemple, dans le cadre du projet Grand Matabiau, nous redessinons totalement le visage du bas du faubourg Bonnefoy, près du canal du Midi, qui accueillait un habitat très vieillissant. Les démolitions se sont achevées fin 2023 et, en 2024, nous initions la construction d'un nouveau quartier avec près de 3 000 logements diversifiés, des services publics et - grande nouveauté – de nombreux arbres (700) et deux jardins dans un quartier qui n’en comptait aucun ! Je souhaite ainsi que ce quartier devienne une référence de la ville de demain.
Quel est l’impact du changement climatique sur les projets urbains ? 
En matière de construction, la réglementation nationale dicte de nouvelles normes, très ambitieuses, en faveur de la sobriété énergétique. La végétalisation est, par ailleurs, une réponse très efficace pour lutter contre la chaleur en ville en créant des îlots de fraîcheur. Pour cela, il faut avoir de la place – et donc dégager le foncier nécessaire. Comme la loi Zéro Artificialisation Nette nous impose de consommer deux fois moins de terres naturelles pour se développer, tout en accueillant autant d’habitants, la seule solution qui s’offre à nous est d’augmenter la hauteur des constructions. Mais cela n'est envisageable, à mes yeux, qu'à condition d'améliorer la qualité architecturale. Il s’agit de construire plus haut et plus beau et de créer des espaces verts sur l’espace libéré autour des constructions. Entre 2014 et 2020, nous avons augmenté de 10% la surface d’espaces verts publics à Toulouse. Et depuis 2020, nous mettons en oeuvre un plan inédit : planter 100 000 arbres d’ici 2030. Cela représente trois fois plus de plantations arboricoles qu’auparavant ! Ce mois-ci, la moitié de l’objectif est déjà atteint ! Notre volonté est d’être moteur et entraîner dans cette dynamique les particuliers, les autres institutions publiques, les entreprises, à l’image d’Airbus qui plante 2 000 arbres sur ses terrains.
Mon cap est la qualité de la vie
En quoi l’Île du Ramier est-elle le projet le plus emblématique de la transformation urbaine ?
Il s’agit d’une opération inédite, et d'ampleur, de renaturation et d’innovation en plein coeur de Toulouse. Nous avons méthodiquement déconstruit le parc des Expos et retiré le bitume pour créer un véritable poumon vert afin de répondre aux défis du changement climatique et offrir aux habitants un vaste espace de bien-être. Nous avons commencé à planter massivement des arbres (12 000 arbres sur les berges ces dernières semaines) tandis qu’au printemps les deux passerelles qui enjambent la Garonne relieront cet espace de nature aux quartiers alentour. Ces passerelles sont une véritable prouesse technique et des objets architecturaux exceptionnels. Elles seront réservées aux piétons et aux vélos sur des voies bien séparées. Tout cela concrétise notre ambition de transformer Toulouse sous le signe du végétal et de faire plus de place au vélo et à la marche à pied, dans une optique gagnant-gagnant : le cycliste a suffisamment de place, il respecte l’espace du piéton.
Les habitants participent de plus en plus aux projets urbains. Qu’apportent-ils ?
Les élus doivent ouvrir le processus de décision aux citoyens qui veulent donner leur avis. C’est pourquoi nous avons considérablement développé les dispositifs de participation citoyenne. D’abord à travers les commissions de quartier ou les réunions publiques, puis avec l’opération « Mes idées pour mon quartier ». La première édition lancée en 2021 a connu un grand succès avec 11 606 votes et 1 600 propositions. 83 idées proposées ont été retenues et sont aujourd’hui en cours de mise en oeuvre. Ce dispositif de démocratie directe est d’une grande richesse. En effet, qui de mieux placé que les habitants pour faire des propositions afin d’améliorer leur cadre de vie quotidien ? À l’heure où la démocratie française est malade, la démocratie locale apparaît ainsi comme une réponse démocratique intéressante.
Quel est le projet qui vous a tenu le plus à coeur ces dix dernières années ?
La ligne C de métro, incontestablement ! C’est le projet qui va changer le plus la vie de nos concitoyens, en particulier parce qu'elle desservira les grandes zones d’emploi et offrira donc une alternative sérieuse à la voiture pour les trajets domicile-travail, plus rapide et plus efficace. Il n’y a pas plus efficace que le métro. Le bénéfice sur la qualité de l’air sera aussi très positif. Nous avons fait un choix très fort en faveur des transports en commun, ligne C en tête, mais aussi du vélo avec un grand plan en cours de réalisation pour développer des itinéraires cyclables, confortables et sécurisés. J'ai voulu que nous soyons l'agglomération qui investit le plus en France, en faveur des transports en commun (hors Paris) car nous sommes la métropole qui grandit le plus. Or, il n’y a pas de développement possible de la ville sans transports en commun, véritables alliés de la transformation de Toulouse.
Et le plus difficile ?
Le projet Grand Matabiau. J’ai donné le premier feu vert pour les acquisitions foncières en 2007 et aujourd’hui les démolitions s’achèvent à peine... Il faut savoir qu’il est toujours plus complexe de transformer un quartier existant que d’en créer un nouveau. Mais le projet est lancé ! La gare est rénovée ainsi que les espaces publics autour, le bas du quartier Bonnefoy, autour de l’avenue de Lyon, se restructure, la Région va construire une halle des transports, des immeubles de bureaux se bâtissent sur l’ancien site Sernam (SNCF)… C’est un projet majeur pour préparer l’avenir et inscrire le développement de Toulouse dans les enjeux du futur.


L’expertise des habitants concernant leur quartier est d’une grande richesse

Comment voyez-vous Toulouse dans les prochaines années ?
Les prévisions de l’Insee indiquent que la ville va continuer à grandir avec de nouveaux habitants. Son attractivité va continuer à créer des emplois. Mon cap fondamental, toutefois, c'est la qualité de la vie pour tous. Il faut poursuivre notre action pour un développement qualitatif de Toulouse et maintenir l’effort en matière de sécurité avec la présence des patrouilles de la police municipale, l’extension du dispositif de vidéoprotection et des outils pour mieux partager l’espace public : code de la rue, ville à 30…