Les orgues de Toulouse : visite immersive

Saviez-vous que la Ville rose, désignée Ville des Musiques par l’Unesco en 2023, compte pas moins de 30 orgues entre ses murs ? Et qu’une douzaine sont classées Monuments Historiques* ? Petite flânerie mélomane à la découverte de cinq orgues remarquables.

1. 21 rue Valade 1969
Gravures — Grand orgue de l'église Saint-Pierre des Chartreux

Classé Monument Historique en 1969 pour sa partie instrumentale, cet orgue occupait initialement l’église du couvent des Jacobins. Il ne rejoint l’église Saint-Pierre des Chartreux qu’à la fin du XVIIIe siècle. Cet ensemble particulièrement impressionnant se démarque notamment par la richesse des gravures du XVIIe siècle qui le décorent.

2. 7 place Saint-Sernin 1975
Cavaillé-Coll — Grand orgue de la basilique Saint-Sernin

Considéré comme l’un des chefs d’oeuvre d’Aristide Cavaillé-Coll (classé Monument Historique pour sa partie instrumentale en 1975), le grand orgue de la basilique Saint-Sernin est doté d’une particularité que l'on retrouve à Toulouse sur l’orgue de l’église du Gésu (fabriqué aussi par Cavaillé-Coll). En plus de ses traditionnels tuyaux verticaux, il arbore des tuyaux horizontaux qui partent en direction de la nef et lui confèrent un petit air martial.

Toulouse, ville des orgues et des musiques

Reconnue Ville des Musiques en 2023 par l’Unesco pour son patrimoine et son offre en matière de musique, la Ville rose célèbre chaque année les orgues à travers le festival international Toulouse Les Orgues organisé par l’association éponyme. Envie de découvrir cet objet exceptionnel et de pratiquer ? Participez aux ateliers de découverte gratuits organisés par l’Espace Patrimoine de la Mairie (infos dans le programme semestriel sur metropole.toulouse.fr).

Grand orgue de l'église Saint-Pierre des Chartreux

Orgue, mode d’emploi

À la fois majestueux et mystérieux, l’orgue est un instrument qui fascine. On n’en connaît souvent que son buffet en menuiserie et ses tuyaux qui se dressent vers le ciel. Pourtant, se cache derrière cet habit une mécanique d’une précision horlogère qui permet à l’organiste de tirer de ce mastodonte des sons d’une clarté et d’une diversité inattendues.

Autrefois actionnée manuellement, la soufflerie (dissimulée dans le buffet), stocke et maintient l'air sous pression constante, prêt à être distribué jusqu'aux sommiers sur lesquels reposent les tuyaux.

Sources : Henri de Rohan-Csermak, la Manufacture d’orgues Théodore Puget et fils : étude historique et esthétique, 1986 ; Henri Rohan, TH Puget, Une famille de facteurs d’orgues à Toulouse (1834 – 1960), Bibliothèque municipale de Toulouse, 1987 ; Site internet de Toulouse les Orgues toulouse-les-orgues.org ; Entretien avec Yves Rechsteiner, qui dirige le festival éponyme depuis 2014.

Le son émis dépend du matériau (bois ou métal), de la forme et de la longueur du tuyau.

La tringlerie (ou mécanique) transmet le mouvement des touches pour ouvrir les soupapes, laissant passer l'air vers les tuyaux.

Les registres activent ou non des jeux de tuyaux, permettant à l'organiste de varier les timbres et les sonorités.

Classé Monument Historique
Direction : L'agence evelyne ; Texte : Marie Grivot ; Illustrations : Célia Gazal ; Merci à Yves Rechsteiner Directeur Artistique de l'association Toulouse les Orgues ; Merci à la Direction du Patrimoine.

Combien de tuyaux peut avoir un orgue ?

Un orgue peut comporter entre 30 et plus de 15 000 tuyaux pour certains mastodontes américains. À Toulouse, les plus grands orgues comptent entre 3 000 et 4 000 tuyaux.

3. 21 rue de Metz
Petit dernier — Grand orgue du musée des Augustins

L’église du musée des Augustins abrite le plus récent des orgues de Toulouse. C’est en 1970 que naquit l’idée de rendre un orgue à cette église qui en était privée depuis au moins la fin du XVIIIe siècle. Décoré par Pierre Belin, cet orgue « moderne » s’inspire des instruments baroques de l’Allemagne du Nord et respecte les codes picturaux des XVIe et XVIIe siècle.

4. place Saint-Étienne 1971
Aérien — Grand orgue de la cathédrale Saint-Étienne

Cet orgue, dit en « nid d’hirondelle », réussit le pari fou de sembler comme aérien malgré ses dimensions monumentales. Si sa mécanique est relativement récente, son buffet, construit au début du XVIIe siècle, est le plus ancien de Toulouse. Il est classé Monument Historique depuis 1971. Après plusieurs restaurations malheureuses, c’est à Aristide Cavaillé-Coll que l’on doit le sauvetage de cet ensemble monumental au milieu des années 1850. Eugène puis Maurice Puget y apportèrent eux aussi à leur tour des transformations.

5. 30 rue de la Dalbade 1979
Innovation Puget — Grand orgue de l'église Notre-Dame de la Dalbade

Véritable joyau du patrimoine toulousain, cet orgue exceptionnel, conçu par la maison Puget en 1888, offre une comparaison fascinante entre les styles du célèbre facteur parisien Cavaillé-Coll et les ateliers toulousains. Très caractéristique du néogothique avec ses deux tourelles couronnées de sculptures, cet orgue intègre, au-delà de sa dimension esthétique, des innovations remarquables aussi bien technologiques qu’ergonomiques. Longtemps éclipsée par Cavaillé-Coll, la maison Puget est revenue depuis quelques années sur le devant de la scène organistique pour son avant-gardisme et l’attention qu’elle portait au confort de l’organiste. Trois générations de facteurs d’orgues toulousains produisirent ou restaurèrent, de 1834 à 1960, plus de 700 instruments pour la France et l’international.